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LE
CONFLIT DU CACHEMIRE
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1984, révolte Sikh au Penjab et opération
Maghdoot au Siachen :
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Cette année là, le Penjab est en proie
à une révolte séparatiste que lInde réprime
fermement, vu la position stratégique de cette province, partagée
entre lInde et le Pakistan, jouxtant les territoires du Cachemire
et du Sind pakistanais instable. Le risque de dérive autonomiste
est réellement contagieux à dautres provinces
de lInde, nonobstant le Cachemire. Cette révolte culmine
par lattaque Indienne du célèbre et hautement
symbolique temple dOr dAmritsar où se sont retranchés
les derniers rebelles. Par cette attaque, lInde semploie
fermement à contrôler les provinces tentées par
lautonomie comme lAssam, les territoires du Nord Est et
le Cachemire bien sur, face au risque de démembrement de lunion
indienne.
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Prières de soldats
musulmans sur le siachen
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Le Premier ministre Indira Gandhi est assassinée de plusieurs
balles dans la poitrine par deux sikhs appartenant à son service
de sécurité. Le fils de la défunte, Rajiv Gandhi,
prête aussitôt serment en qualité de Premier ministre
par intérim.
Le glacier de Siachen est le plus grand glacier du monde si lon
excepte les deux Pôles et il se déroule sur ses flancs
la bataille la plus élevée du monde (au-delà
de 5000 mètres). L'Inde a voulu gagner les territoires de lEst
du Karakoram et se rapprocher de la Karakoram Highway, l'itinéraire
stratégique entre la Chine et le Pakistan. Par conséquent
en 1982 l'Inde a envoyé des troupes délites en
formation en Antarctique pour reproduire les mêmes conditions
hivernales quune attaque sur le glacier de Siachen. Par la suite,
en avril 1984, l'Inde a conduit une opération connue sous le
nom dopération Maghdoot (Meghdoot), en territoire pakistanais
en employant son armée de l'air pour parachuter ses forces
sur le glacier de Siachen puisque à l'époque, le glacier
de Siachen n'était pas géographiquement relié
à lInde.
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Dépot de munitions
et canon indien sur le glacier
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A ce jour, Une évaluation suggère quentre 3.000
et 10000 soldats sont déployés de part et dautre
de la ligne de front. Selon une autre évaluation le Pakistan
maintient trois bataillons sur le glacier, alors que l'Inde a sept
bataillons sur le glacier du Siachen. Les Pakistanais, positionnés
sur les crêtes, peuvent réapprovisionner la plupart de
leurs troupes par la route puis à dos de mulets jusquaux
cols tandis que lInde utilise toujours des hélicoptères
et des avions pour transporter les approvisionnements, la nourriture
et les soldats.
Actuellement, un soldat pakistanais serait tué tous les 4
jours, alors qu'un soldat indien est tué tous les jours. Daprès
certains rapports, plus de 1300 soldats pakistanais sont morts dans
cette guerre entre 1984 et 1999. Selon lInde, cette guerre aurait
coûté à l'Inde 50 milliards de roupies et presque
2000 vies (jusqu' à 1997). Presque tous les décès
sont dus aux conditions atmosphériques extrêmes. Selon
dautres sources, seulement 50% des soldats indiens reviennent
vivant de la ligne de front, ils souffrent de retardement mentaux
dû au peu doxygène de la haute atmosphère,
damputations et dautres symptômes liés aux
conditions climatiques extrêmes de la haute altitude.
Découvrez le glacier de Siachen vue du ciel
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1986, lopération Brasstaks :
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Une série de manuvres proche du Sind indien, en vue de
tester des nouveaux armements russes fait réagir le Pakistan
qui craint lusage de munitions réelles sur le territoire
Pakistanais et une opération identique à celle de 1971
au Pakistan oriental. Le Pakistan déplace une forte division
dans le Penjab voisin. LInde annule alors lopération.
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1990, mort de Rajiv Ghandi :
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Le Jammu-et-Cachemire est placé sous administration présidentielle
directe. Rajiv Gandhi est assassiné le 21 mai par des membres
du LTTE, le mouvement de libération du nord du Sri Lanka.
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1992, chute du bloc soviétique et renouveau
diplomatique indo américain :
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Moujahidines sur un blindé
soviétique
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La chute du bloc soviétique entraîne avec lui son appui
stratégique Indien dans le conflit. LInde se tourne vers
létat israélien pour une nouvelle entente et un
travail commun sur le terrorisme, fléau commun aux 2 pays. Nul
doute que ce rapprochement Israélo indien est un premier pas
vers un retour de la normalisation des relations diplomatiques américaines,
bien fragiles à cette époque.
En même temps, la démolition de la mosquée de Babur
ou Babri Masjid, censée être construite sur le site dun
temple indoue entraîne des émeutes entre communautés
hindoue et musulmane dans l'Inde entière.
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1996, élections au Cachemire :
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Le taux de partition exceptionnellement élevé de 30%
marque ces élections. La population marque par ce vote, son refus
de la guerre et affirme sa volonté dautonomie. Ce nouveau
acteur autonomiste introduit une difficulté politique que lInde
et le Pakistan se seraient bien passés, surtout pour lInde
qui refuse toujours de prendre en compte lidentité cachemirie
dont lautonomie est pourtant prévue par larticle
370 de la constitution indienne mais qui na jamais été
mise en oeuvre.
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1998, la prolifération nucléaire
en marche :
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Missile balistique pakistanais
Gauri II
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En juillet 1998, une tentative de réconciliation des 2 pays
se concrétise vers des pourparlers entre le président
Pakistanais Nawaz Sharif et le premier ministre indien AB Vajpayee mais
lInde et le Pakistan procèdent à une série
dessais nucléaires qui minent les rares tentatives de réconciliation
engagées par la suite. LInde qui refuse en 1996 de ratifier
le traité de non prolifération nucléaire et procède
à une série de 5 essais souterrains le 11 mai 1998. Le
Pakistan réplique par une série dessais officiels,
le conflit se nucléarise et prend une nouvelle ampleur internationale.
Larme nucléaire pakistanaise est considérée
indispensable pour internationaliser la question du Cachemire. Lhistoire
révèle que cette stratégie pakistanaise est en
partie réussie grâce à lintervention rapide
et efficace des occidentaux dans le conflit depuis cette date, notamment
des Etats-Unis (pour qui aussi, les essais pakistanais représentent
un échec à la politique américaine de non prolifération
nucléaire).
On soupçonne alors la Chine davoir aidé le Pakistan
à fabriquer sa bombe.
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1999, la crise de Kargil :
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En
mai de cette année, des indépendantistes cachemiris soutenus
par les forces armées spéciales de larmée
Pakistanaise sinfiltrent au-delà de la ligne de contrôle
en aval du glacier de Siachen, au cours de manuvres militaires
menées et à la barbe de larmée Indienne.
Cette crise est au début manoeuvrée par le Pakistan suite
aux évènements lointains du Kosovo : Le Pakistan qui contrairement
à lInde à toujours voulu un débat international
sur la question du Cachemire tente alors dallumer la mèche
dont il pense que lissue est un règlement Onusien comme
au Kosovo. LONU peut alors faire pression sur lInde pour
organiser un référendum sur le rattachement du Cachemire
dont on sait quil serai favorable au Pakistan sil était
organisé. Mais cette stratégie est la stratégie
du désespoir quand on sait le faible rôle que lONU
a pu jouer dans le règlement du conflit des Balkans. Ces manuvres
désirées par le général Musharaf sont condamnées
par la communauté internationale, lInde réagit fermement
en engageant dimportants moyens militaires sur le terrain, 20
000 soldats sont déployés, des dizaines davions
et bombardiers volent sur une ligne de front qui sétend
sur 120 kms de long, pilonnant les positions Pakistanaise juchées
sur les hauteurs. Le 10 juillet 1999, les 2 pays sentendent sur
un retrait mutuel des zones de combat.
Mais ce retrait des troupes provoque une grave crise dans les rangs
de larmée pakistanaise et ne pardonne pas au président
M. Sharif davoir cédé à la pression des Etats
Unis. En octobre, Pervès Musharraf renverse le pouvoir sans effusion
de sang et décrète létat durgence.
Ce putch suscite une grande inquiétude en occident qui se traduit
par une série de mesure et de déclarations. Le coup de
semonce est venu du directeur du Fonds monétaire international
(FMI) qui assure qu'Islamabad ne percevrait aucun acompte sur le prêt
de 1,6 milliard de dollars. A Londres, le Commonwealth annonce quil
interdit à la junte militaire de participer à ses sommets,la
bourse de Karachi plonge de 7,36%, Wall Street de 2,7%. Kofi Annan exhorte
les militaires pakistanais "à essayer de revenir à
un gouvernement civil dès que possible". LInde place
à nouveau ses forces en état dalerte maximum mais
P. Mousharraf averti publiquement lInde sans la nommer de ne pas
tenter de profiter de la situation de faiblesse du Pakistan pour sattaquer
aux intérêts pakistanais.
Les puissances nucléaires reconnues depuis les essais de 1998
na pas empêché la nouvelle crise de 1999 et linstabilité
politique. La crise comportant dimportants risques descalade
entre les 2 pays nucléarisés nest pourtant quune
crise et non pas une guerre. Il semble que la dissuasion nucléaire
ait eu une influence sur labsence descalade et le règlement
rapide du conflit entre les 2 pays, la réaction de la communauté
internationale et notamment des Etat Unis (aidé par la neutralité
affichée de la Chine) a joué un grand rôle en ce
sens. Cependant, on sait aujourdhui que lutilisation de
larme nucléaire ait été sérieusement
envisagé par larmée Pakistanaise durant ce conflit.
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2000, la recrudescence dactes terroristes
empoisonnent le conflit :
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Le 1er octobre 2001, un attentat terroriste à lassemblée
du Jammu et Cachemire fait 40 morts. Les liens du terrorisme afghan
et Cachemiri sont alors évidents quand la chute du régime
Taliban en novembre 2001 reporte le jihad islamiste sur les hautes terres
du Cachemire. Un regain de tension intervient après l'attentat
perpétré le 13 décembre 2001 contre le Parlement
indien, que Delhi attribue à des groupes islamistes soutenus
par le Pakistan. Lattentat fait 9 victimes alors que par chance,
pas un ministre indien nest tué ni blessé.
En contrepartie, les actes de barbaries de larmée indienne
contre les musulmans cachemiris sont monnaies courantes (enlèvements,
tortures) et sont décriées par le Pakistan comme «
agression permanente du peuple musulman ». Ce mélange de
terrorisme et de guérilla envenime les relations indo pakistanaises.
Les escarmouches reprennent le long de la ligne de contrôle alors
que les 2 pays massent leurs troupes à la frontière dont
leffective navait jusque la jamais été atteint.
En 2002, lInde et le Pakistan sont à nouveau au bord de
la guerre avec près d'un million de militaires massés
aux deux bords de la frontière.
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Le 11 septembre 2001 :
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Manifestation pakistanaise
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Dès les attentats revendiquées par Al Qaïda et
dès les Etats-Unis prêts à frapper lAfghanistan,
lInde offrit naturellement ses bases militaires aux avions bombardiers
américains mais cette attitude est dénoncée par
le Pakistan qui, le 19 septembre, accuse lInde de récupérer
lalliance américaine à son profit. Pervèz
Mousharraf annonçe son soutient total aux Etats-Unis. Ce discours
marquant est le tournant manifeste du jeu des alliances stratégiques
en Asie centrale en même temps que le renouveau des relations
américano-Pakistanaises.
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2002, de nouveau lescalade :
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Manisfestation pakistanaise
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Cette année la, les attentats terroristes du 14 mai à
Jammu, du le 21 mai à Srinagar et celui de la voiture piégée
de Bombay pourrissent une fois de plus la situation, annulant la timide
bonne volonté des 2 pays concrétisée par les poignées
de main du président pakistanais Pervèz Musharraf et du
premier ministre indien Atal Behari Vajpayee, invités à
discuter du Cachemire à un sommet à Katmandou en janvier
2002. Le Pakistan procède à une série de tirs de
missiles. En mai, le premier ministre indien prévient ses troupes
que le moment dun « combat décisif » est venu.
Le président Pakistanais réplique que « si la guerre
est imposée aux musulmans, les musulmans ne feront pas preuve
de lâcheté ». Le 6 juin, lescalade continue
quand le journal britannique, le Daily Telegraph, titre « lInde
projette une guerre nucléaire dici à 2 semaines,
des bombes nucléaires téléguidées ont été
chargées à bord davions mirage 2001 et Mig 27 »,
des projets dinvasion du territoire pakistanais sont même
publiées dans les journaux. Le risque de conflit nucléaire
est pris très au sérieux par les occidentaux, cest
la panique dans les ambassades, lambassade de Grand Bretagne à
Delhi est évacuée. Les Etats-Unis rentrent en jeu et font
pression sur le Pakistan, Pervèz Musharraf informe alors un émissaire
américain le 6 juin que son pays empêchera « définitivement
» linfiltration de groupes armés au Cachemire, lInde
nen demandait pas plus, la dangereuse stratégie de surenchère
indienne est payante. Mais ce discours du président Pervèz
Mousharraf na que peu de résultats sur lactivité
des terroristes au Cachemire.
Pendant
ce temps, des nouvelles élections (la première fois depuis
1977) sont organisées au Cachemire, lInde voulant afficher
sa bonne volonté à rendre la parole aux cachemiris par
les urnes mais ces élections sont les plus meurtrières
de lhistoire du Cachemire où 527 personnes sont assassinés,
les terroristes organisant la terreur pour dissuader la population daller
aux urnes. Les élections voit lémergence dune
coalition du parti Peoples Democratic Parti (PDP) et du Parti
du Congrès, plus emprunte au respect des droits de lhomme,
mis daccord pour une politique nouvelle comportant un programme
commun minimum, le souci de réconcilier les communautés
de la province, la libération des prisonniers politiques et le
respect des droits de l'homme."
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Décembre 2003, attentats contre le président
Pervèz Mousharraf :
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Pervès Mousharraf échappe miraculeusement à deux
attentats à la voiture piégée, lun le 14
décembre, lautre le 25 entre Rawalpindi et Islamabad. Commandités
par Al Qaïda par lintermédiaire des mouvements islamistes,
ces attentats sont fermement condamnés par lInde.
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Les derniers évènements politiques,
signes dun dénouement du conflit ?
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« Aujourd'hui, chacun a intérêt à trouver
une solution. L'Inde, qui a pris l'initiative de renouer le dialogue
en avril 2003, cherche à devenir une puissance mondiale. Forte
de sa croissance économique et de son statut de démocratie,
elle revendique une place au Conseil de sécurité de l'ONU
mais doit pour cela sortir du bourbier du Cachemire. Elle semble plus
prête que jamais à faire des concessions, comme l'a prouvé
la très grande modération avec laquelle les dirigeants
indiens ont accueilli les révélations sur les fuites du
programme nucléaire pakistanais. Signe supplémentaire
de sa bonne volonté, elle a entamé mi-janvier des discussions
avec les représentants de la Hall Party Hurriyat Conférence,
une coalition de groupes séparatistes modérés.
Coté pakistanais, la déclaration du président Mousharraf
à la fin de l'année dernière, annonçant
que le Pakistan était prêt, pour la première fois
depuis des années, à renoncer à l'organisation
d'un référendum sur le Cachemire ainsi que l'acceptation
d'englober le sort de la province dans des " discussions globales
" indiquent un réel changement d'optique. Il est vrai que
les séparatistes cachemiris ont fini par devenir une menace pour
le président Mousharraf lui même, comme l'a prouvé
leur implication dans le dernier attentat auquel il a échappé
en décembre 2003. Par ailleurs, les mouvements cachemiris qui
luttent pour le rattachement de la province au Pakistan, sont devenus
des repères d'islamistes dont l'influence croissante sur la société
pakistanaise inquiète le président. »
LHumanité 17/02/04 (Extrait).
Nul doute enfin que la question du soutien des terroristes au Cachemire
par le Pakistan est devenu le préalable à de nouvelles
négociations indo pakistanaises, devenu lenjeu majeur de
règlement du conflit.
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Mai 2004, défaite du BJP aux élections
législatives indiennes :
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Dans les rues de Srinagar
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Sonia Gandhi a remporté les élections législatives
en Inde, après un scrutin marathon qui a duré trois semaines.
« Le Pakistan, voisin et rival de l'Inde, a très vite réagi
à l'annonce des résultats. «Nous espérons
qu'un quelconque changement de gouvernement en Inde n'affectera pas
le processus de paix», déclarait un membre du gouvernement
pakistanais. Le Congrès a immédiatement tenu à
rassurer ses voisins et s'est dit «engagé à travailler
en vue de la création d'une paix durable dans la région».
Libération, le 13 mai 2004
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