|
|

|
|
Le Nord Cachemire, une mosaïque ethnique :
|
La position stratégique du Nord Cachemire aux confins de lAfghanistan,
du Pakistan, de la Chine, de lInde, de lAsie centrale et
du Moyen-Orient, a fait de cette région un carrefour des cultures,
du commerce, des religions et des conquêtes. Les richesses artistiques
et le patrimoine du Cachemire témoigne de ces brassages incessants.
Malgré lhégémonie musulmane du Cachemire
(la partie Pakistanaise du Cachemire est peuplée à peu
près de 2 millions de musulmans, sunnites pour la plupart, et
comprend un territoire de 79 000 km2, la partie indienne du Cachemire
abrite une population à 70 % musulmane), ce qui frappe le plus
en arrivant dans la région du Nord Cachemire, c'est la complexité
ethnique et culturelle. Déjà sur
|
 |
Images habituelles
du Pakistan musulman.
|
la Karakoram Highway, on est stupéfait de croiser des Hunzakuts
: visages étonnamment blancs aux pommettes rouges, cheveux blonds
et yeux bleus. Plus loin vers les frontières du Nord, on croise
des hommes et des femmes d'Asie centrale, chinois ouïgours ou kazakhs
venus faire quelques affaires à Sust ou Gilgit. Plus à
l'Est, la région dont l'accès reste malheureusement fermée
depuis l'Ouest Pakistanais abrite le petit Tibet, le Ladakh indien peuplé
d'un peuple mongoloïde d'origine tibétaine. Dans les vallées
du Baltistan, une région 100% musulmane, on trouve encore quelques
ruines branlantes de temples bouddhistes ; les magnifiques peintures
bouddhistes près de Chilas sont célèbres et attestent
dune culture bouddhiste passée.
Plus loin vers les frontières du Nord du Cachemire on croise
des hommes et des femmes d'Asie centrale, chinois Ouïgours ou Kazakhs
venus faire quelques affaires à Sust ou Gilgit. Plus à
l'Est, la région dont l'accès reste malheureusement fermée
depuis l'Ouest Pakistanais abrite le petit Tibet, le Ladakh indien peuplé
d'un peuple mongoloïde d'origine tibétaine. Dans les vallées
du Baltistan, une région 100% musulmane, on trouve encore quelques
ruines branlantes de temples bouddhistes, les magnifiques peintures
bouddhistes près de Chilas sont célèbres et attestent
dune ancienne culture bouddhiste au Cachemire.
|
Populaire, le polo
est le sport originaire des régions du Nord Cachemire.
|
Dans toutes les montagnes du monde, les vallées abritent souvent
des coutumes voire des cultures originales, témoignages de la
vie nécessairement autarcique des régions montagneuses
où les échanges s'opèrent difficilement d'une vallée
à l'autre, surtout en hiver. Cest particulièrement
vrai au Cachemire tant les hautes vallées y sont fermées
par des très hautes montagnes. Cependant, la route de la soie,
qui passait autrefois par l'Est de la région, permit des échanges
culturels ; les cols célèbres comme les cols de Shimshal,
du Karakoram, du Muztagh et de Kungerab étaient fréquemment
utilisés. Ainsi, les aspects culturels et ethniques du Cachemire
présentent deux aspects contradictoires : il est un carrefour
de civilisations qui a favorisé le commerce et les échanges,
mais il est aussi une mosaïque de niches ethniques et culturelles
originales isolées dans des vallées reculées et
difficiles daccès. C'est ici le grand croisement des peuples,
lieux de disputes ancestrales et meurtrières mais aussi lieu
d'entente et d'harmonie entre ethnies issues de cultures très
disparates.

|
De la région de Chitral à la frontière
Afghane du Cachemire:
|
La minorité Kailash du Cachemire :
|
Les Kailashs représentent une petite communauté de 3000
membres dans la province du Nord ouest du Pakistan. Non musulmans, ils
ne vénèrent pas Allah et représentent le seul peuple
non musulman du Nord Pakistan. Les Kailashs croient que leur dieu Dezau
est venu dans les vallées de l'Indu Kush sur des chevaux à
deux têtes. Les Kailashs parlent le Kalashamun. Leurs territoires
furent bien plus étendus dans les vallées de l'Est afghan
avant que la population ne soit convertie de force à l'Islam,
vers la fin du XIXième siècle. L'Est afghan fut rebaptisée
le Nuristan, "le pays de la lumière" et les animistes
fidèles à leurs pratiques religieuses se réfugièrent
de l'autre coté de la frontière afghane et se joignirent
à leurs proches cousins qui vivent toujours dans les vallées
de Rumbur, Birir et Bumburet. Héritiers dune culture millénaire,
ce peuple reçut la protection des Britanniques puis du gouvernement
Pakistanais. Mais bien que protégé, ce peuple est menacé
d'extinction : les Kailashs sont progressivement dépossédés
de leurs terres.
Voici comment Wilfred Thesiger découvrit les Kailash (appelés
alors les Kafirs noirs) au cours de son voyage dans la vallée
de Chitral (Pakistan) en 1952 :
Les Kafîr Noirs, qui se désignent du nom de Kalash Gum,
occupent les vallées de Brumboret, Rambor et Barir. Ils vénèrent
les anciens dieux, cultivent la vigne et dressent des statues de bois
sculptées sur les tombes de leurs morts. Leurs cousins de l'autre
côté de la frontière ont été convertis
de force à l'islam par Abd-er-Rahman, émir d'Afghanistan,
à la fin. du XIXe siècle ; leur terre, autrefois désignée
du nom de Kafîristan, s'appelle aujourd'hui Nouristan, «
pays de la Lumière ». Beaucoup de musulmans vivant à
Chitral descendent des réfugiés Kafîr Rouges qui
fuirent le Kafîristan en 1897. Quelques années plus tard,
je devais traverser le Nouristan, mais je suis heureux d'avoir vu là
la population telle qu'elle était autrefois dans tout le Kafîristan.
Après quelques jours de repos, je rendis visite aux Kafîr,
accompagné par le commissaire politique, Mir Ajam, qui m'emmena
en jeep dans un village kafir rouge, Aijun ; il m'affirma qu'il s'agissait
du plus gros village de tout le Chitral.Au départ d'Aijun, je
remontai à pied une étroite vallée au fond de laquelle
un torrent limpide descend du nord-ouest. Les parois rocheuses des deux
versants de la vallée sont escarpées et couvertes d'arbres,
et notamment un chêne kermès dont les feuilles ressemblent
à celles du houx, mais identifiable comme chêne par ses
glands. Des ponts, constitués d'une simple planche, permettent
de traverser le torrent. Au bout d'une heure et demie environ, nous
bifurquâmes dans la vallée de Brumboret, le plus méridional
des deux affluents. L'autre, en amont de Brumboret, s'appelle le Rambor.
Nous croisâmes de nombreux groupes d'hommes et de jeunes garçons
qui descendaient des sacs de noix à Aijun. Ils avaient de longs
bâtons pour gauler les noyers, dont ils écalaient les noix
sur place. Plus haut, à Brumboret, nous arrivâmes à
une série de fermes et de champs en terrasses, dans lesquels
on mois- sonnait le riz et le maïs. Je vis d'innombrables noyers
et d'autres arbres fruitiers, dont d'énormes mûriers. La
vallée était à présent relativement large
et moins pentue ; toutefois, les pentes des deux côtés
étaient rocailleuses et très accentuées, couvertes
d'abord de chênes kermès puis, plus haut, de pins et de
sapins. Les villages dans le Brumboret étaient habités
par des musulmans et des Kafîr Noirs. Nous fîmes halte dans
une vallée adjacente à Batrik, groupe d'une douzaine de
maisons bien construites par les Kafîr Noirs. Les hommes s'habillent
comme des musulmans, les femmes et les petites filles kafîr portent
en revanche un couvre-chef caractéristique orné de petits
coquillages. Toutes les femmes et les jeunes filles portent un vêtement
ample marron foncé,serré à la taille.
Je pris quantité de photos des Kafir - hommes, femmes et enfants
- ainsi que de deux statues en bois d'environ 1,80 mètre de haut,
dont ils décorent les tombeaux. Les cadavres sont enterrés
dans des cercueils en bois ; on les porte au coin d'un champ, et on
les laisse se décomposer en plein air. Les statues servent apparemment
à commémorer les défunts, mais nul ne s'opposa
à ce que je les déplace pour mieux les photographier ;
ils étaient même ravis de me voir chercher le meilleur
éclairage. Les façades des maisons kafir sont elles aussi
décorées de sculptures rustiques. Au-dessus de Brumboret,
le chemin conduisant à la vallée du Barir est un sentier
extrêmement pentu entre les chênes kermès d'abord,
puis à travers de vastes forêts de pins et de cèdres
de l'Himalaya, ou déodars. Je n'y vis guère d'oiseaux
; je remarquai sur la piste des fumées récentes, sans
doute un markhor. La descente sur Barir fût beaucoup plus escarpée
; par endroit, la piste est presque inexistante. Au pied d'une étroite
gorge rocheuse, nous-trouvâmes quelques maisons kafir entourées
de champs de riz et de millet, d'arbres fruitiers et de grandes vignes.
Nous nous reposâmes environ une demi-heure en dévorant
quantité de petits raisins noirs très sucrés, cueillis
sur une treille qui devait bien mesurer neuf mètres de haut.
Nous continuâmes ensuite à descendre la vallée vers
Gurru ; là, les maisons semblaient suspendues à flanc
de colline, au-dessus du ruisseau. La vallée du Barir me parut
plus jolie que celle du Brumboret. Les maisons du premier groupe que
nous trouvâmes étaient occupées par des musulmans
et des Kafir ; toutefois, j'appris que les Kafir étaient les
plus nombreux. Ces musulmans, comme tous les nouveaux convertis, étaient
très assidus aux appels à la prière. À Gurru
et dans la région, les maisons appartiennent à des Kafir.
J'observai certains dissemblances entre eux et les Chitrali. Par exemple,
à la différence des hommes et des jeunes gens chitrali,
nul Kafir ou musulman ne porte d'arc ; en outre, la fumée du
feu domestique ne sort que par la porte : il n'y a pas d'entonnoir au-dessus
de l'âtre. Je trouvai les villages kafir passablement sales et,
à Gurru, je comptai soixante punaises dans mon sac de couchage.
À Gurru, je trouvai huit statues funéraires en bois sculpté
placées sur une petite falaise ; ces statues mesuraient environ
1,50 mètre de haut, elles étaient plus petites que celles
vues la veille. Elles représentaient des silhouettes d'hommes,
nus à l'exception d'un court pagne à pompons et coiffés
de casques de différentes formes. J'observai que certains Kanr
portent eux aussi un tissu à pompons autour de la taille et noué
sur l'épaule ; mais ils portent des pantalons dessous. Deux statues
funéraires étant à l'ombre, je les descendis dans
un champ pour les photographier.
(source : "Dans les montagnes dAsie", collection Etonnants
voyageurs, ed. Hoëbeke).
Aujourd'hui considérés comme des impurs, les villageois
Kailashs sont soumis à des pressions de la part des paysans musulmans,
des maîtres d'école, des fonctionnaires ou des mollahs
leur enjoignant d'adopter l'islam. Leurs lieux de cultures vivrières
samenuisent, l'islam gagne sans cesse du terrain. Combien de temps
cette culture pourra encore exister ? Les jours du peuple Kailash sont
comptés.
|
La communauté Pathan du Cachemire :
|
Les Pathans (ou Pachtouns) vivent de part et d'autre de la frontière
afghane. Leur langue, qui appartient au groupe indo-iranien, est le
Pashto. C'est une tribu guerrière divisée en nombreux
clans et tribus, aux caractères belliqueux et indépendants.
Au Pakistan, on distingue les Pathans des montagnes qui vivaient traditionnellement
du brigandage et ceux des plaines qui vivent de l'agriculture. Ils sont
aussi appréciés pour leurs talents de bâtisseurs.
Nombreux ont été les camps de réfugiés Pathans
au Pakistan lors de la guerre en Afghanistan, y compris dans le Nord
du pays.
|
La minorité Kho du Cachemire :
|
La communauté Kho habite la région du Ghizar et représente
l'essentiel de la population de la vallée de Chitral (80%). Les
Kho sont majoritairement musulmans sunnites mais ils sont Ismaéliens
dans la partie Nord de la vallée de Chitral. La minorité
Kho fut ralliée à la cause du gouvernement Pakistanais
en 1970. Lartisanat Kho est hautement considéré.
Le travail des poteries et la qualité de leurs chants sont légendaires.
|
Les hautes vallées du Gojal et de Hunza
au Cachemire :
|
La vallée de la Hunza au Cachemire :
|
|
|
Vallée de la Hunza vue depuis Karimabad
|
Avec ses rochers, ses torrents, ses montagnes superbes, ses abricotiers
et ses cultures d'orge et de blé, la vallée de Hunza au
Nord du Pakistan offre de superbes paysages. Depuis des siècles,
les voyageurs sont émerveillés par le miracle des vertes
terrasses du pays de Hunza, taillées dans une forêt de
montagnes désertiques. La vallée ne recevant que 14 centimètres
de pluie par an, les champs et les vergers dépendent entièrement
des canaux dirrigation captant leau des torrents, eux-mêmes
alimentés par leau de fonte des glaciers et les neiges
des sommets.
Dans les années 60 et jusqu'à l'introduction des vols
réguliers entre Islamabad et Gilgit, la vallée de Hunza
était très enclavée ; elle ne pouvait être
atteinte qu'après un long voyage en voiture tout terrain à
travers la haute vallée de Swat. Depuis les années 80,
la Karakoram Highway a désenclavé cette vallée.
Pour en savoir plus sur la vallée de la Hunza, allez sur le
site de l'encyclopédie
AGORA.
|
L'irrigation, le miracle du Nord Cachemire :
|
|
 |
A gauche un collecteur d'irrigation à Karimabad.
L'eau de Hunza est précieuse à plus d'un
titre.
|
Sur ces terres où il pleut moins qu'au Sahara, l'irrigation
est vitale pour l'homme. Sans elle, nulle culture, nulle vie dans ces
vallées. L'eau descendant des glaciers est captée et distribuée
à l'aide de canaux d'irrigation quadrillant la montagne et construits
parfois sur les flancs de falaises de plusieurs centaines de mètres.
Ces ouvrages doivent respecter une pente calculée : ni trop abrupte
sinon l'eau risquerait d'éroder le canal, ni trop plane ce qui
risquerait de l'ensabler. C'est pourquoi la résurgence d'un canal
provient souvent d'un collecteur construit à des dizaines de
kilomètres en amont. L'eau est ainsi distribuée selon
l'étendue et les richesses des parcelles cultivées à
l'aide de multiples trappes jalonnant le canal.
L'eau de ces canaux provient de la fonte des glaciers, elle est chargée
de minéraux précieux et fertiles. On lui attribue d'ailleurs
le secret de l'étonnante longévité des habitants
de ces hautes vallées. Il est étonnant de voir sa peau
scintiller de milles paillettes après avoir pris une douche avec
cette eau-là.
Quoi qu'il en soit, le vrai miracle est peut être moins dans ses
pouvoirs magiques que dans ses capacités à fertiliser
ces vallées qui, sans elle, ne seraient que cailloux, sables
et poussières.
|
La minorité Wakhi du Cachemire :
|
 |
La profonde vallée de la Hunza
|
Le peuple Wahki est installé aux frontières de lAfghanistan,
du Tadjikistan, aux confins du Xing Yang chinois et du Pakistan. Contrairement
aux communautés habituellement rencontrées dans ces hautes
vallées, le rôle de la femme est prépondérant
: elle soccupe de la traite et de la transhumance du bétail
dans les hauts pâturages. Les hommes quant à eux restent
au village pour les cultures vivrières. La communauté
Wakhi existe depuis au moins 2500 ans ; ils se sont convertis à
lislam et appartiennent à la branche ismaélienne
de lislam. L'endurance des porteurs et l'accueil de ses habitants
sont remarquables.
Le Wakhi iranien est parlé dans les hautes vallées de
Hunza où les liens avec le couloir de Wakhan et le Badakshan
étaient traditionnellement étroits en raison des nombreux
passages des caravanes et des troupeaux par le col de Kilik. Les Kirghizes
afghans, à l'arrivée des troupes soviétiques qui
annexaient de fait le Wakhan, ont trouvé un refuge naturel il
y a dix ans dans la région du Gojal, avant d'être accueillis
en Turquie où ils sont aujourd'hui majoritairement établis.
|
La vallée de Shimshal à la
frontière Nord du Cachemire :
|
 |
Vertes terrasses de Shimshal
|
La vallée de Shimshal à l'extrême Nord du Pakistan
abrite la plus grosse communauté wakhi ismaélienne. Isolée,
elle se suffit à elle-même ; elle a toujours cultivé
une certaine indépendance par rapport au Mir de Hunza qui y exerçait
sa juridiction. La haute vallée de Shimshal accueille les cinq
grands glaciers du versant Nord de larête Kanjut-Trivor,
il sagit des glaciers Momhil, Malangutti, Yazghil, Khurdopin et
Virjerab.
|
La religion ismaélienne :
|
 |
Battage du blé à Shimshal
|
Shimshal est un village niché dans les hautes vallées
du post Karakoram au Nord du Pakistan. La découverte de Shimshal
est un must pour qui se plaît à aller à la rencontre
de nouvelles cultures. Les Shimshalis, qui sont Ismaéliens, sont
très accueillants. Il est préférable dy aller
avec un guide qui vous aidera plus à découvrir la culture
particulière de cette communauté quà vous
montrer le chemin. Pour en savoir plus sur les Ismaéliens du
Pakistan, lexcellent livre de Michel Malherbe, intitulé
« Les religions de lhumanité » permet de mieux
comprendre cette particularité à attribuer aussi aux habitants
de toute la vallée de Hunza :
« LIsmaélisme est né dune réforme
du chiisme promue par Ismaël, fils aîné du sixième
imam chiite Djafar. Cependant Ismaël mourut en 751, quatorze ans
avant son père et ne put jamais exercer les fonctions dimam
qui devaient lui revenir.
Les partisans dIsmaël récusèrent le septième
imam et les suivants et restèrent attachés à leur
maître, considéré comme un « 7e imam caché
» ; (
) Aujourdhui, le rayonnement des Ismaéliens
nest plus guère politique mais leur communauté,
très soudée, dispose dune grande influence économique.
(
) Les Ismaéliens se partagent en deux branches : les Mustalis
et les Nizaris. (
) les Nizaris, qui reconnaissent pour imam lAgha
Khan vivent dans les zones montagneuses dAsie centrale : il y
en avait 250 000 en Afghanistan dans la région de Bamyan, 120
000 au Tadjikistan, 80 000 dans le Xing Yang chinois, 120 000 en Syrie,
80 000 en Iran, 250 000 dans diverses régions de lInde
et du Pakistan. (
) Le rôle spirituel de limam est
considérable puisquil est la manifestation de Dieu sur
terre sous forme humaine. Cest un être de nature supérieure
qui sert dintermédiaire aux âmes pour quelles
accèdent à Dieu. Par ses discours et ses écrits,
limam, en loccurrence lAgha Khan, donne ses instructions
spirituelles à ses fidèles et les guide. En grossissant
les traits, on peut dire que les Ismaéliens considèrent
lislam habituel comme la forme élémentaire de la
vie spirituelle et cest pourquoi ils nont aucune réticence
à se déclarer musulmans. Cependant il existe aussi une
doctrine secrète, ésotérique, appelée «
batin ». Laccès à cette connaissance ésotérique
que revendiquent les Ismaéliens leur permet dintérioriser
et dintellectualiser leur religion. Cest ce qui explique
que les prescriptions du Coran naient pas pour eux un caractère
strictement obligatoire et puissent être vécues de façon
symbolique. Les Ismaéliens nizaris se contentent généralement
de deux prières par jour, ne sastreignent pas au jeun du
Ramadan et prescrivent la monogamie. Cest dire que les Ismaéliens
ne sont nullement portés au fanatisme et acceptent facilement
le dialogue avec les autres religions. Jamais cependant ils ne font
de prosélytisme, ce qui explique en partie la faiblesse relative
de leurs effectifs. »
|
Les porteurs d'altitudes de Shimshal au Pakistan
:
|
La force des porteurs de Shimshal est reconnue par les alpinistes
du monde entier. Trois facteurs permettent daffirmer que ses habitants
jouissent dune santé exceptionnelle, bien utile pour les
expéditions internationales qui se lancent à lassaut
des grandes montagnes du Pakistan. Tout dabord, les Ismaéliens
ne fument pas et ne consomment ni alcool, ni drogue. Ensuite, puisque
Shimshal était autrefois séparée de cinq jours
de marche de la première route (de deux aujourdhui), les
produits préfabriqués doivent être acheminés
à dos dhommes jusquau village. Les hommes sont donc
entraînés à porter et ce depuis leur enfance. Enfin,
le village est situé à 2800 mètres, les hommes
sont habitués à vivre en altitude.
Les hommes Shimshalis parlent tous anglais. Linstituteur du village
ma fait part de ses craintes concernant la route qui arrivera
bientôt au village. En effet, elle risque de perturber fortement
la vie de la communauté.
|
Rajab Shah :
|
Cet habitant de Shimshal a gravi tous les 8000 du Pakistan entre 1989
et 1998, toujours sans oxygène, à loccasion dexpéditions
européennes ou asiatiques, pour lesquelles il était embauché
comme « porteur ». Il ma invité à manger
chez lui deux fois, dune façon très spontanée.
Jai été impressionné par sa quiétude.
Cest une star dans son pays mais il reste modeste et plein de
retenue. Nous avons parlé longuement de Messner et de sa montagne
préférée, le K2, mais pour lui, le grand défi,
cest la face Nord du Kanjut Sar. « Mon travail cest
surtout de monter les camps 1 et 2, ensuite il ny a plus de restriction
et si je vais au sommet, cest pour mon propre plaisir. Les Occidentaux
viennent ici pour les sommets en dépensant des millions de roupies,
alors pourquoi ne les grimperais-je pas moi-même ? » A loccasion
dune expédition pour la télévision japonaise
sur le Gasherbrum 1 en 1992, il atteint le sommet avec deux autres Pakistanais,
alors même que les alpinistes japonais ny sont pas parvenus
pas ! Cela lui vaut une décoration de la part du président
du Pakistan. Rajab Shah a toujours réussi ses ascensions sans
oxygène : « loxygène, je lai porté
mais je ne lai jamais utilisé. Jai beaucoup aidé
les alpinistes étrangers à faire leur trace, pour porter
loxygène mais moi je nai jamais eu besoin daide
». En 1997, il est lun des membres de la première
expédition pakistanaise sur lEverest qui échoue
à 200 mètres du sommet. Son vrai regret cest de
ne pas avoir réussi les 7000 mètres de son pays : «
jai manqué de temps et de chance ». Il a réussi
cependant le Mustagh Ata (7546m) en Chine en tant que sirdar. Il tient
beaucoup à la formation de porteurs daltitude locaux :
« le gros problème est technique et financier, il ny
a pas décole dalpinisme au Pakistan et pas dargent
pour organiser des expéditions. Jaimerais retourner à
lEverest et plus que tout organiser ma propre expédition
». Si vous allez à Shimshal, allez frapper à la
porte de M. Rajab Shah (la première maison sur la droite, au
fond du jardin), cet homme remarquable se fera un plaisir de vous offrir
le thé.
|
La minorité Burusho du Pakistan:
|
Lappellation de Burushos fait référence aux habitants
parlant la langue Burushaki, de Karimabad, Nagar et habitants de Hunza
; on les appelle aussi les Burushakis ou Hunzakuts. Leur langue n'a
pas de racine connue et plonge dans une histoire légendaire.
Les Burushos sont musulmans ismaéliens à Karimabad et
musulmans chiites à Nagar. Le mir (ou le tham) de Hunza est le
l'homme de loi des Hunzakuts. Il n'a plus guère d'influence depuis
1974, date à laquelle le mir de Hunza s'est rattaché à
la cause du gouvernement Pakistanais. L'accueil et l'ouverture d'esprit
de ces gens sont exceptionnels.
Les musiciens et les forgerons des Burushos sont traditionnellement
issus de la minorité ethnique appelée Bericho et parlant
le Dumaki.
|
La minorité Shina du Pakistan:
|
|
Enfants pêchant à la ligne à
Gilgit
|
Les 300 000 Shinas vivent au bas de la vallée de Hunza, dans
une zone qui s'étend à peu près de la vallée
de Gilgit aux vallées adjacentes. Le peuple Shina est traditionnellement
réparti entre 4 communautés : Les Shins, les Yeshkuns,
les Kamins et les Doms. Les Shins forme la communauté au statut
le plus élevé, les Kamins sont agriculteurs, les Doms
sont les forgerons et les musiciens. Ils parlent le Shina, sont de confession
musulmane ismaélienne, chiites ou sunnites.
|
La minorité Gujar du Pakistan:
|
|
Femme Gujar de la Vallée du Batura
|
Les Gujars proviennent d'Asie du Sud et se sont installés au
Nord Cachemire dans la région du Nord Hunza et au Sud de la vallée
de Chitral. Leur nom indique l'appartenance au métier de l'élevage
("Gu" signifiant vache). Ils trouvèrent des niches
d'herbes fraîches poussant à haute altitude de façon
à pouvoir y faire paître leurs vaches et yaks et s'y installèrent.
Les Gujars sont essentiellement musulmans sunnites et se marient entre
membres de la communauté. Les Gujars parlent Wakhi au Gojal,
Khowar ou Shina dans la vallée de Chitral.
|
La région du Baltistan au Pakistan:
|
|
Coucher de soleil sur la vallée de
Skardu.
|
Le Baltistan s'étend tout le long de l'Indus et de la rivière
shyok au Pakistan dans l'Azad kashmir, entre le Ladakh en amont et
la vallée de Gilgit en aval.
|
Les Baltis du Baltistan :
|
|
Vieux balti du village d'Askole
|
Les Baltis (au nombre denviron 200 000), habitants du Baltistan,
sont issus d'une culture tibétaine, ce qui en fait le peuple
tibétain le plus occidental. Ils délaissèrent le
Bouddhisme au XVème siècle pour la religion musulmane
chiite. Les coutumes du Baltistan sont proches de la culture tibétaine.
Leur langue, le Burushaski, tout droit issu du Tibet, leur habillement,
leur nourriture, sont très communs à leurs voisins ladakis.
Pourtant, leurs traits ne sont pas ceux des Tibétains ; ils ont
reçu en héritage la culture tibétaine mais ne ressemblent
pas à leur cousins tibétains.
Les villages du baltistan sont densément construits. Les toits
plats des maisons servent à sécher les cultures et prendre
le soleil. Ces villages sont entourés de champs savamment irrigués.
Tout cet univers balti accueillant tranche toujours avec l'hostilité
et l'aridité des paysages montagnards alentours.
|
Little Karim :
|
|
Abdul Karim dit "Little Karim"
|
Abdul Karim dit "Little Karim" est l'un des héros
anonymes du Baltistan. Il habite Hushe et s'est s'illustré lors
des grandes ascensions du Baltoro. Cet homme modeste a accompagné
les plus grandes expéditions internationales dans le Karakoram,
il est l'homme au monde qui est resté le plus longtemps à
8000 mètre d'altitude, dépassant de loin les records des
grimpeurs occidentaux les plus connus. Cet homme a réussi à
hisser seul les 20 kilos du parapente de Jean-Marc Boivin au sommet
du K2. Sans Little Karim, le petit homme à la force sans pareil,
Jean-Marc Boivin n'aurait jamais pu effectuer le premier décollage
depuis le sommet du K2, susciter l'admiration et remporter tant de succès.
|
Le village de Hushe :
|
Hushe, village du Baltistan blotti à lombre du Masherbrum,
ne reçut qu'une brève visite des époux Bullocks
en 1911 ; il resta inconnu des Occidentaux jusqu'aux années 80.
Hushe se trouve dans l'une des vallées les plus fertiles du Karakoram,
s'étendant sur 30 km sur la rive nord de la Shyok jusqu'au pied
du Masherbrum (7821m). Hushe accueille un nombre croissant de touristes
depuis la découverte du col de Gondokoro qui offre la possibilité
de joindre Hushe à Concordia. Les habitants de Hushe travaillent
aux champs en dehors de la courte période touristique. Ils travaillent
volontiers comme porteurs d'altitude pour les expéditions de
trekking ou les ascensions d'envergure. Hushe renferme un réservoir
d'hommes de grand talent dont la force utilisée depuis 20 ans
est étroitement liée aux succès des grandes ascensions
du Karakoram des années 80. Mais ne nous y trompons pas, malgré
ce cadre idyllique et la joie de ses habitants, Hushe reste pauvre et
la vie y est dure, ses habitants cultivent toujours une agriculture
de subsistance, le taux de mortalité y est très élevé.
|
La région du Ladakh :
|
Habituellement, le Ladakh n'est pas cité dans les régions
jouxtant les régions du Cachemire, il est pourtant à ses
portes. Le conflit du Cachemire tout proche a fermé la route
de Kapalu à Leh et a isolé les Ladakhis de leurs proches
cousins du Baltistan.
Ladakh signifie « le pays sous les cols » ou « petit
Tibet ». Le Ladakh est peuplé majoritairement de Bouddhistes
(80%) et représente le dernier bastion occidental des peuples
mongoloïdes de lHimalaya. Le Ladakh, cest effectivement
le Tibet en plus petit. Ici, les traditions tibétaines se retrouvent
dans l'architecture des maisons, des chortens, des murs de manis. On
y psalmodie "Om mani padme hum", on y boit du chang (la bière
d'orge), du thé vert salé et du beurre rance, on mange
de la tsampa (un mélange d'orge et de farine de blé noir),
les yaks sont utilisés comme bêtes de somme. L'accueil
Ladakhi est chaleureux comme chez leurs cousins tibétains.
La vallée de la Nubra, toute proche au Nord de Leh, c'est déjà
la transition vers lAsie centrale. Des chameaux paissent dans
les prairies d'altitude : ces bêtes de somme étaient utilisées
naguère pour le portage des marchandises sur la haute route de
la soie qui passait plus au Nord par le col de Karakoram.
|
Le Sud du Cachemire :
|
|
Srinagar :
|
Comment parler du Cachemire sans évoquer brièvement
sa capitale ? Srinagar se trouve au bord du lac Dal, à 1700 mètres
d'altitude, et abrite environ 450.000 habitants. Au temps du Raj Britannique,
le rajah de cette province semi autonome interdisait aux étrangers
de posséder une maison à Srinagar. Pour contourner cette
loi, les Anglais ont construit des bateaux sur le lac. Depuis, la tradition
de ces "house-boats", les maisons flottantes, perdure.
Le Cachemire est souvent dénommé «la Suisse de l'Asie»
et la ville de Srinagar « la Venise du Cachemire » mais
le conflit entre l'Inde, le Pakistan et la Chine qui déchire
la région, trouble quelque peu cette image idyllique. Srinagar
est depuis 10 ans fermé au touristes où des exactions
dune extrême violence surgissent de temps à autre.
Srinagar reste cependant le berceau culturel du Cachemire. Lartisanat
très raffiné, lart du tissage de la soie et la culture
de safran sont célèbres dans le monde entier.
|
Les autres minorités :
|
Les Dardes :
|
C'est
un peuple ancien dont les origines sont incertaines. On retrouve des
traces d'un roi Darde au IVième ou Vième siècle
après JC. Les linguistes parlent de langue Darde pour englober
les langues archaïques parlées dans la région de
l'Himalaya occidental que l'on nommait jadis Dardistan.
Ils seraient des bergers semi-nomades qui perpétuent les traditions
millénaires de la culture tibétaine et notamment la polyandrie,
bien que celle-ci soit désormais interdite par les gouvernements
"modernes" de l'Inde et de la Chine, les deux pays dans lesquels
ils vivent. Ils se déplacent avec leurs troupeaux de yacks et
de chèvres pashmina dans la région du Rupshu, dans le
Changtang, le sud-ouest du haut plateau tibétain, qui fait partie
du Ladakh, lui-même intégré dans l'Etat indien du
Jammu-et-Cachemire (hormis le Nord-Est, occupé par la Chine,
l'Aksai Chin). Le gouvernement indien vient tout juste douvrir
ces régions aux étrangers, avec de nombreuses réserves
et un certain nombre de limites, car ce sont des zones stratégiquement
sensibles. Les villages Dardes sont situés dans la vallée
de l'Indus, à quelques kilomètres seulement de la frontière
encore chaude avec le Pakistan et au Changtang, qui borde la frontière
avec la Chine. Les Dardes ou Drokpa sont une ethnie aryenne originaire
du Baltistan qui se sédentarisa ici avant la conversion de la
région au bouddhisme (IXe-Xe siècle). Les jardins sont
très bien entretenus, plantés d'oignons, de tomates et
de centaines d'abricotiers autour desquels s'entortillent des sarments
de vigne. Comme tous les matins, les Dardes sortent cueillir quelques
fleurs qu'elle piquera, comme le veut la tradition darde, sur son petit
chapeau orné de pièces de monnaie et de miroirs. Ils sont
blancs de peau, avec des yeux clairs et un profil "grec".
Les Ladakhis, montagnards bourrus et avares de paroles, disent des Dardes
qu'ils descendraient des soldats d'Alexandre le Grand. Il s'agit d'une
légende, mais elle plaît beaucoup aux Dardes, qui la racontent
à qui veut l'entendre. Tout autour paissent les chèvres
pashmina : leur précieuse laine, dont on fabrique des châles
très recherchés et qui sera vendue aux marchands cachemiris
de Leh.
Extrait de larticle du courrier internationnal : http://www.courrierinternational.com/voyage/article.asp?prec=0&suiv=6869&page=2&obj_id=20791
|
|
La minorité Gipsi :
|
Dans les régions du Nord Cachemire, il n'est pas
rare de croiser ça et là des petits groupes de ce peuple
voyageur originaire de l'Inde. Ils sont souvent chercheurs d'or et on
peut les voir au bord des rivières, tamisant sans relâche
les limons des rivières. Mal aimés, ils vivent de petits
boulots, en autarcie sous leurs tentes (près de Passu par exemple).
|
A voir aussi sur le
même thème :
|
Sources : "trekking in the Karakoram & Indukush"
(éd. Lonely Planet), "Les religions de l'humanité"
(Michel Malherbe), "Peuples d'asie centrale" (éd.
Anako), Le Grand Guide du Pakistan (Gallimard), Montagne magazine
N° 264, expérience personnelle, « Dans les montagnes
dAsie, collection Etonnants voyageurs, ed. Hoëbeke
Révision B /27/07/04 (http://blankonthemap.free.fr)
var pagename='Nom_de_la_page';
Pour tous renseignements, contactez le Webmaster.
|