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PEUPLES
DU CACHEMIRE
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Voir les cartes en rapport avec la culture du Nord
cachemire :
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Le Nord Cachemire, une mosaïque ethnique :
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La position stratégique du Nord Cachemire aux confins de lAfghanistan,
du Pakistan, de la Chine, de lInde, de lAsie centrale et
du Moyen-Orient, a fait de cette région un carrefour des cultures,
du commerce, des religions et des conquêtes. Les richesses artistiques
et le patrimoine du Cachemire témoigne de ces brassages incessants.
Malgré lhégémonie musulmane du Cachemire
(la partie Pakistanaise du Cachemire est peuplée à peu
près de 2 millions de musulmans, sunnites pour la plupart, et
comprend un territoire de 79 000 km2, la partie indienne du Cachemire
abrite une population à 70 % musulmane), ce qui frappe le plus
en arrivant dans la région du Nord Cachemire, c'est la complexité
ethnique et culturelle.

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Images habituelles
du Pakistan musulman.
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Déjà sur la Karakoram Highway, on est stupéfait
de croiser des Hunzakuts : visages étonnamment blancs aux pommettes
rouges, cheveux blonds et yeux bleus. Plus loin vers les frontières
du Nord, on croise des hommes et des femmes d'Asie centrale, chinois
ouïgours ou kazakhs venus faire quelques affaires à Sust
ou Gilgit. Plus à l'Est, la région dont l'accès
reste malheureusement fermée depuis l'Ouest Pakistanais abrite
le petit Tibet, le Ladakh indien peuplé d'un peuple mongoloïde
d'origine tibétaine. Dans les vallées du Baltistan, une
région 100% musulmane, on trouve encore quelques ruines branlantes
de temples bouddhistes ; les magnifiques peintures bouddhistes près
de Chilas sont célèbres et attestent dune culture
bouddhiste passée.
Plus loin vers les frontières du Nord du Cachemire on croise
des hommes et des femmes d'Asie centrale, chinois Ouïgours ou Kazakhs
venus faire quelques affaires à Sust ou Gilgit. Plus à
l'Est, la région dont l'accès reste malheureusement fermée
depuis l'Ouest Pakistanais abrite le petit Tibet, le Ladakh indien peuplé
d'un peuple mongoloïde d'origine tibétaine. Dans les vallées
du Baltistan, une région 100% musulmane, on trouve encore quelques
ruines branlantes de temples bouddhistes, les magnifiques peintures
bouddhistes près de Chilas sont célèbres et attestent
dune ancienne culture bouddhiste au Cachemire.
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Populaire, le polo
est le sport originaire des régions du Nord Cachemire.
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Dans toutes les montagnes du monde, les vallées abritent souvent
des coutumes voire des cultures originales, témoignages de la
vie nécessairement autarcique des régions montagneuses
où les échanges s'opèrent difficilement d'une vallée
à l'autre, surtout en hiver. Cest particulièrement
vrai au Cachemire tant les hautes vallées y sont fermées
par des très hautes montagnes. Cependant, la route de la soie,
qui passait autrefois par l'Est de la région, permit des échanges
culturels ; les cols célèbres comme les cols de Shimshal,
du Karakoram, du Muztagh et de Kungerab étaient fréquemment
utilisés. Ainsi, les aspects culturels et ethniques du Cachemire
présentent deux aspects contradictoires : il est un carrefour
de civilisations qui a favorisé le commerce et les échanges,
mais il est aussi une mosaïque de niches ethniques et culturelles
originales isolées dans des vallées reculées et
difficiles daccès. C'est ici le grand croisement des peuples,
lieux de disputes ancestrales et meurtrières mais aussi lieu
d'entente et d'harmonie entre ethnies issues de cultures très
disparates.

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De la région de Chitral à la frontière
Afghane du Cachemire:
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La minorité Kailash du Cachemire :
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Les Kailashs représentent une petite communauté de 3000
membres dans la province du Nord ouest du Pakistan. Non musulmans, ils
ne vénèrent pas Allah et représentent le seul peuple
non musulman du Nord Pakistan. Les Kailashs croient que leur dieu Dezau
est venu dans les vallées de l'Indu Kush sur des chevaux à
deux têtes. Les Kailashs parlent le Kalashamun. Leurs territoires
furent bien plus étendus dans les vallées de l'Est afghan
avant que la population ne soit convertie de force à l'Islam,
vers la fin du XIXième siècle. L'Est afghan fut rebaptisée
le Nuristan, "le pays de la lumière" et les animistes
fidèles à leurs pratiques religieuses se réfugièrent
de l'autre coté de la frontière afghane et se joignirent
à leurs proches cousins qui vivent toujours dans les vallées
de Rumbur, Birir et Bumburet. Héritiers dune culture millénaire,
ce peuple reçut la protection des Britanniques puis du gouvernement
Pakistanais. Mais bien que protégé, ce peuple est menacé
d'extinction : les Kailashs sont progressivement dépossédés
de leurs terres.
Voici comment Wilfred Thesiger découvrit les Kailash (appelés
alors les Kafirs noirs) au cours de son voyage dans la vallée
de Chitral (Pakistan) en 1952 :
Les Kafîr Noirs, qui se désignent du nom de Kalash Gum,
occupent les vallées de Brumboret, Rambor et Barir. Ils vénèrent
les anciens dieux, cultivent la vigne et dressent des statues de bois
sculptées sur les tombes de leurs morts. Leurs cousins de l'autre
côté de la frontière ont été convertis
de force à l'islam par Abd-er-Rahman, émir d'Afghanistan,
à la fin. du XIXe siècle ; leur terre, autrefois désignée
du nom de Kafîristan, s'appelle aujourd'hui Nouristan, «
pays de la Lumière ». Beaucoup de musulmans vivant à
Chitral descendent des réfugiés Kafîr Rouges qui
fuirent le Kafîristan en 1897. Quelques années plus tard,
je devais traverser le Nouristan, mais je suis heureux d'avoir vu là
la population telle qu'elle était autrefois dans tout le Kafîristan.
Après quelques jours de repos, je rendis visite aux Kafîr,
accompagné par le commissaire politique, Mir Ajam, qui m'emmena
en jeep dans un village kafir rouge, Aijun ; il m'affirma qu'il s'agissait
du plus gros village de tout le Chitral.Au départ d'Aijun, je
remontai à pied une étroite vallée au fond de laquelle
un torrent limpide descend du nord-ouest. Les parois rocheuses des deux
versants de la vallée sont escarpées et couvertes d'arbres,
et notamment un chêne kermès dont les feuilles ressemblent
à celles du houx, mais identifiable comme chêne par ses
glands. Des ponts, constitués d'une simple planche, permettent
de traverser le torrent. Au bout d'une heure et demie environ, nous
bifurquâmes dans la vallée de Brumboret, le plus méridional
des deux affluents. L'autre, en amont de Brumboret, s'appelle le Rambor.
Nous croisâmes de nombreux groupes d'hommes et de jeunes garçons
qui descendaient des sacs de noix à Aijun. Ils avaient de longs
bâtons pour gauler les noyers, dont ils écalaient les noix
sur place. Plus haut, à Brumboret, nous arrivâmes à
une série de fermes et de champs en terrasses, dans lesquels
on mois- sonnait le riz et le maïs. Je vis d'innombrables noyers
et d'autres arbres fruitiers, dont d'énormes mûriers. La
vallée était à présent relativement large
et moins pentue ; toutefois, les pentes des deux côtés
étaient rocailleuses et très accentuées, couvertes
d'abord de chênes kermès puis, plus haut, de pins et de
sapins. Les villages dans le Brumboret étaient habités
par des musulmans et des Kafîr Noirs. Nous fîmes halte dans
une vallée adjacente à Batrik, groupe d'une douzaine de
maisons bien construites par les Kafîr Noirs. Les hommes s'habillent
comme des musulmans, les femmes et les petites filles kafîr portent
en revanche un couvre-chef caractéristique orné de petits
coquillages. Toutes les femmes et les jeunes filles portent un vêtement
ample marron foncé,serré à la taille.
Je pris quantité de photos des Kafir - hommes, femmes et enfants
- ainsi que de deux statues en bois d'environ 1,80 mètre de haut,
dont ils décorent les tombeaux. Les cadavres sont enterrés
dans des cercueils en bois ; on les porte au coin d'un champ, et on
les laisse se décomposer en plein air. Les statues servent apparemment
à commémorer les défunts, mais nul ne s'opposa
à ce que je les déplace pour mieux les photographier ;
ils étaient même ravis de me voir chercher le meilleur
éclairage. Les façades des maisons kafir sont elles aussi
décorées de sculptures rustiques. Au-dessus de Brumboret,
le chemin conduisant à la vallée du Barir est un sentier
extrêmement pentu entre les chênes kermès d'abord,
puis à travers de vastes forêts de pins et de cèdres
de l'Himalaya, ou déodars. Je n'y vis guère d'oiseaux
; je remarquai sur la piste des fumées récentes, sans
doute un markhor. La descente sur Barir fût beaucoup plus escarpée
; par endroit, la piste est presque inexistante. Au pied d'une étroite
gorge rocheuse, nous-trouvâmes quelques maisons kafir entourées
de champs de riz et de millet, d'arbres fruitiers et de grandes vignes.
Nous nous reposâmes environ une demi-heure en dévorant
quantité de petits raisins noirs très sucrés, cueillis
sur une treille qui devait bien mesurer neuf mètres de haut.
Nous continuâmes ensuite à descendre la vallée vers
Gurru ; là, les maisons semblaient suspendues à flanc
de colline, au-dessus du ruisseau. La vallée du Barir me parut
plus jolie que celle du Brumboret. Les maisons du premier groupe que
nous trouvâmes étaient occupées par des musulmans
et des Kafir ; toutefois, j'appris que les Kafir étaient les
plus nombreux. Ces musulmans, comme tous les nouveaux convertis, étaient
très assidus aux appels à la prière. À Gurru
et dans la région, les maisons appartiennent à des Kafir.
J'observai certains dissemblances entre eux et les Chitrali. Par exemple,
à la différence des hommes et des jeunes gens chitrali,
nul Kafir ou musulman ne porte d'arc ; en outre, la fumée du
feu domestique ne sort que par la porte : il n'y a pas d'entonnoir au-dessus
de l'âtre. Je trouvai les villages kafir passablement sales et,
à Gurru, je comptai soixante punaises dans mon sac de couchage.
À Gurru, je trouvai huit statues funéraires en bois sculpté
placées sur une petite falaise ; ces statues mesuraient environ
1,50 mètre de haut, elles étaient plus petites que celles
vues la veille. Elles représentaient des silhouettes d'hommes,
nus à l'exception d'un court pagne à pompons et coiffés
de casques de différentes formes. J'observai que certains Kanr
portent eux aussi un tissu à pompons autour de la taille et noué
sur l'épaule ; mais ils portent des pantalons dessous. Deux statues
funéraires étant à l'ombre, je les descendis dans
un champ pour les photographier.
(source : "Dans les montagnes dAsie", collection Etonnants
voyageurs, ed. Hoëbeke).
Aujourd'hui considérés comme des impurs, les villageois
Kailashs sont soumis à des pressions de la part des paysans musulmans,
des maîtres d'école, des fonctionnaires ou des mollahs
leur enjoignant d'adopter l'islam. Leurs lieux de cultures vivrières
samenuisent, l'islam gagne sans cesse du terrain. Combien de temps
cette culture pourra encore exister ? Les jours du peuple Kailash sont
comptés.
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La communauté Pathan du Cachemire :
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Les Pathans (ou Pachtouns) vivent de part et d'autre de la frontière
afghane. Leur langue, qui appartient au groupe indo-iranien, est le
Pashto. C'est une tribu guerrière divisée en nombreux
clans et tribus, aux caractères belliqueux et indépendants.
Au Pakistan, on distingue les Pathans des montagnes qui vivaient traditionnellement
du brigandage et ceux des plaines qui vivent de l'agriculture. Ils sont
aussi appréciés pour leurs talents de bâtisseurs.
Nombreux ont été les camps de réfugiés Pathans
au Pakistan lors de la guerre en Afghanistan, y compris dans le Nord
du pays.
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La minorité Kho du Cachemire :
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La communauté Kho habite la région du Ghizar et représente
l'essentiel de la population de la vallée de Chitral (80%). Les
Kho sont majoritairement musulmans sunnites mais ils sont Ismaéliens
dans la partie Nord de la vallée de Chitral. La minorité
Kho fut ralliée à la cause du gouvernement Pakistanais
en 1970. Lartisanat Kho est hautement considéré.
Le travail des poteries et la qualité de leurs chants sont légendaires.
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Les hautes vallées du Gojal et de Hunza
au Cachemire :
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La vallée de la Hunza au Cachemire :
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Vallée de la Hunza vue depuis Karimabad
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Avec ses rochers, ses torrents, ses montagnes superbes, ses abricotiers
et ses cultures d'orge et de blé, la vallée de Hunza au
Nord du Pakistan offre de superbes paysages. Depuis des siècles,
les voyageurs sont émerveillés par le miracle des vertes
terrasses du pays de Hunza, taillées dans une forêt de
montagnes désertiques. La vallée ne recevant que 14 centimètres
de pluie par an, les champs et les vergers dépendent entièrement
des canaux dirrigation captant leau des torrents, eux-mêmes
alimentés par leau de fonte des glaciers et les neiges
des sommets.
Dans les années 60 et jusqu'à l'introduction des vols
réguliers entre Islamabad et Gilgit, la vallée de Hunza
était très enclavée ; elle ne pouvait être
atteinte qu'après un long voyage en voiture tout terrain à
travers la haute vallée de Swat. Depuis les années 80,
la Karakoram Highway a désenclavé cette vallée.
Pour en savoir plus sur la vallée de la Hunza, allez sur le
site de l'encyclopédie
AGORA.
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L'irrigation, le miracle du Nord Cachemire :
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A gauche un collecteur d'irrigation à Karimabad.
L'eau de Hunza est précieuse à plus d'un
titre.
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Sur ces terres où il pleut moins qu'au Sahara, l'irrigation
est vitale pour l'homme. Sans elle, nulle culture, nulle vie dans ces
vallées. L'eau descendant des glaciers est captée et distribuée
à l'aide de canaux d'irrigation quadrillant la montagne et construits
parfois sur les flancs de falaises de plusieurs centaines de mètres.
Ces ouvrages doivent respecter une pente calculée : ni trop abrupte
sinon l'eau risquerait d'éroder le canal, ni trop plane ce qui
risquerait de l'ensabler. C'est pourquoi la résurgence d'un canal
provient souvent d'un collecteur construit à des dizaines de
kilomètres en amont. L'eau est ainsi distribuée selon
l'étendue et les richesses des parcelles cultivées à
l'aide de multiples trappes jalonnant le canal.
L'eau de ces canaux provient de la fonte des glaciers, elle est chargée
de minéraux précieux et fertiles. On lui attribue d'ailleurs
le secret de l'étonnante longévité des habitants
de ces hautes vallées. Il est étonnant de voir sa peau
scintiller de milles paillettes après avoir pris une douche avec
cette eau-là.
Quoi qu'il en soit, le vrai miracle est peut être moins dans ses
pouvoirs magiques que dans ses capacités à fertiliser
ces vallées qui, sans elle, ne seraient que cailloux, sables
et poussières.
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La minorité Wakhi du Cachemire :
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La profonde vallée de la Hunza
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Le peuple Wahki est installé aux frontières de lAfghanistan,
du Tadjikistan, aux confins du Xing Yang chinois et du Pakistan. Contrairement
aux communautés habituellement rencontrées dans ces hautes
vallées, le rôle de la femme est prépondérant
: elle soccupe de la traite et de la transhumance du bétail
dans les hauts pâturages. Les hommes quant à eux restent
au village pour les cultures vivrières. La communauté
Wakhi existe depuis au moins 2500 ans ; ils se sont convertis à
lislam et appartiennent à la branche ismaélienne
de lislam. L'endurance des porteurs et l'accueil de ses habitants
sont remarquables.
Le Wakhi iranien est parlé dans les hautes vallées de
Hunza où les liens avec le couloir de Wakhan et le Badakshan
étaient traditionnellement étroits en raison des nombreux
passages des caravanes et des troupeaux par le col de Kilik. Les Kirghizes
afghans, à l'arrivée des troupes soviétiques qui
annexaient de fait le Wakhan, ont trouvé un refuge naturel il
y a dix ans dans la région du Gojal, avant d'être accueillis
en Turquie où ils sont aujourd'hui majoritairement établis.
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La vallée de Shimshal à la
frontière Nord du Cachemire :
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Vertes terrasses de Shimshal
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La vallée de Shimshal à l'extrême Nord du Pakistan
abrite la plus grosse communauté wakhi ismaélienne. Isolée,
elle se suffit à elle-même ; elle a toujours cultivé
une certaine indépendance par rapport au Mir de Hunza qui y exerçait
sa juridiction. La haute vallée de Shimshal accueille les cinq
grands glaciers du versant Nord de larête Kanjut-Trivor,
il sagit des glaciers Momhil, Malangutti, Yazghil, Khurdopin et
Virjerab.
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