Accueil Blank On The Map
PEUPLES DU CACHEMIRE
- page 2/2 -
Imprimer cette page
Document PDF

 

Les hautes vallées du Gojal et de Hunza au Pakistan
La religion ismaélienne du Pakistan
Les porteurs d'altitudes de Shimshal au Pakistan
Rajab Shah
La minorité Burusho au Pakistan
La minorité Shina au Pakistan
La minorité Gujar au Pakistan
La région du Baltistan au Pakistan
Les Baltis du Baltistan
Le village de Hushe
Little Karim
La région du Ladakh
Le sud du Cachemire
Srinagar
Les autres minorités
Les Dardes
La minorité Gipsi

Haut de page Bas de page
Voir les cartes en rapport avec la culture du Nord cachemire :

Les hautes vallées du Gojal et de Hunza au Pakistan (suite) :

La religion ismaélienne :

Battage du blé à Shimshal

Shimshal est un village niché dans les hautes vallées du post Karakoram au Nord du Pakistan. La découverte de Shimshal est un must pour qui se plaît à aller à la rencontre de nouvelles cultures. Les Shimshalis, qui sont Ismaéliens, sont très accueillants. Il est préférable d’y aller avec un guide qui vous aidera plus à découvrir la culture particulière de cette communauté qu’à vous montrer le chemin. Pour en savoir plus sur les Ismaéliens du Pakistan, l’excellent livre de Michel Malherbe, intitulé « Les religions de l’humanité » permet de mieux comprendre cette particularité à attribuer aussi aux habitants de toute la vallée de Hunza :
« L’Ismaélisme est né d’une réforme du chiisme promue par Ismaël, fils aîné du sixième imam chiite Djafar. Cependant Ismaël mourut en 751, quatorze ans avant son père et ne put jamais exercer les fonctions d’imam qui devaient lui revenir.
Les partisans d’Ismaël récusèrent le septième imam et les suivants et restèrent attachés à leur maître, considéré comme un « 7e imam caché » ; (…) Aujourd’hui, le rayonnement des Ismaéliens n’est plus guère politique mais leur communauté, très soudée, dispose d’une grande influence économique. (…) Les Ismaéliens se partagent en deux branches : les Mustalis et les Nizaris. (…) les Nizaris, qui reconnaissent pour imam l’Agha Khan vivent dans les zones montagneuses d’Asie centrale : il y en avait 250 000 en Afghanistan dans la région de Bamyan, 120 000 au Tadjikistan, 80 000 dans le Xing Yang chinois, 120 000 en Syrie, 80 000 en Iran, 250 000 dans diverses régions de l’Inde et du Pakistan. (…) Le rôle spirituel de l’imam est considérable puisqu’il est la manifestation de Dieu sur terre sous forme humaine. C’est un être de nature supérieure qui sert d’intermédiaire aux âmes pour qu’elles accèdent à Dieu. Par ses discours et ses écrits, l’imam, en l’occurrence l’Agha Khan, donne ses instructions spirituelles à ses fidèles et les guide. En grossissant les traits, on peut dire que les Ismaéliens considèrent l’islam habituel comme la forme élémentaire de la vie spirituelle et c’est pourquoi ils n’ont aucune réticence à se déclarer musulmans. Cependant il existe aussi une doctrine secrète, ésotérique, appelée « batin ». L’accès à cette connaissance ésotérique que revendiquent les Ismaéliens leur permet d’intérioriser et d’intellectualiser leur religion. C’est ce qui explique que les prescriptions du Coran n’aient pas pour eux un caractère strictement obligatoire et puissent être vécues de façon symbolique. Les Ismaéliens nizaris se contentent généralement de deux prières par jour, ne s’astreignent pas au jeun du Ramadan et prescrivent la monogamie. C’est dire que les Ismaéliens ne sont nullement portés au fanatisme et acceptent facilement le dialogue avec les autres religions. Jamais cependant ils ne font de prosélytisme, ce qui explique en partie la faiblesse relative de leurs effectifs. »

Haut de page Bas de page

Les porteurs d'altitudes de Shimshal au Pakistan :

La force des porteurs de Shimshal est reconnue par les alpinistes du monde entier. Trois facteurs permettent d’affirmer que ses habitants jouissent d’une santé exceptionnelle, bien utile pour les expéditions internationales qui se lancent à l’assaut des grandes montagnes du Pakistan. Tout d’abord, les Ismaéliens ne fument pas et ne consomment ni alcool, ni drogue. Ensuite, puisque Shimshal était autrefois séparée de cinq jours de marche de la première route (de deux aujourd’hui), les produits préfabriqués doivent être acheminés à dos d’hommes jusqu’au village. Les hommes sont donc entraînés à porter et ce depuis leur enfance. Enfin, le village est situé à 2800 mètres, les hommes sont habitués à vivre en altitude.
Les hommes Shimshalis parlent tous anglais. L’instituteur du village m’a fait part de ses craintes concernant la route qui arrivera bientôt au village. En effet, elle risque de perturber fortement la vie de la communauté.

Haut de page Bas de page

Rajab Shah :

M. Rajab Shah

Cet habitant de Shimshal a gravi tous les 8000 du Pakistan entre 1989 et 1998, toujours sans oxygène, à l’occasion d’expéditions européennes ou asiatiques, pour lesquelles il était embauché comme « porteur ». Il m’a invité à manger chez lui deux fois, d’une façon très spontanée. J’ai été impressionné par sa quiétude. C’est une star dans son pays mais il reste modeste et plein de retenue. Nous avons parlé longuement de Messner et de sa montagne préférée, le K2, mais pour lui, le grand défi, c’est la face Nord du Kanjut Sar. « Mon travail c’est surtout de monter les camps 1 et 2, ensuite il n’y a plus de restriction et si je vais au sommet, c’est pour mon propre plaisir. Les Occidentaux viennent ici pour les sommets en dépensant des millions de roupies, alors pourquoi ne les grimperais-je pas moi-même ? » A l’occasion d’une expédition pour la télévision japonaise sur le Gasherbrum 1 en 1992, il atteint le sommet avec deux autres Pakistanais, alors même que les alpinistes japonais n’y sont pas parvenus pas ! Cela lui vaut une décoration de la part du président du Pakistan. Rajab Shah a toujours réussi ses ascensions sans oxygène : « l’oxygène, je l’ai porté mais je ne l’ai jamais utilisé. J’ai beaucoup aidé les alpinistes étrangers à faire leur trace, pour porter l’oxygène mais moi je n’ai jamais eu besoin d’aide ». En 1997, il est l’un des membres de la première expédition pakistanaise sur l’Everest qui échoue à 200 mètres du sommet. Son vrai regret c’est de ne pas avoir réussi les 7000 mètres de son pays : « j’ai manqué de temps et de chance ». Il a réussi cependant le Mustagh Ata (7546m) en Chine en tant que sirdar. Il tient beaucoup à la formation de porteurs d’altitude locaux : « le gros problème est technique et financier, il n’y a pas d’école d’alpinisme au Pakistan et pas d’argent pour organiser des expéditions. J’aimerais retourner à l’Everest et plus que tout organiser ma propre expédition ». Si vous allez à Shimshal, allez frapper à la porte de M. Rajab Shah (la première maison sur la droite, au fond du jardin), cet homme remarquable se fera un plaisir de vous offrir le thé.

Haut de page Bas de page

La minorité Burusho du Pakistan:

L’appellation de Burushos fait référence aux habitants parlant la langue Burushaki, de Karimabad, Nagar et habitants de Hunza ; on les appelle aussi les Burushakis ou Hunzakuts. Leur langue n'a pas de racine connue et plonge dans une histoire légendaire. Les Burushos sont musulmans ismaéliens à Karimabad et musulmans chiites à Nagar. Le mir (ou le tham) de Hunza est le l'homme de loi des Hunzakuts. Il n'a plus guère d'influence depuis 1974, date à laquelle le mir de Hunza s'est rattaché à la cause du gouvernement Pakistanais. L'accueil et l'ouverture d'esprit de ces gens sont exceptionnels.
Les musiciens et les forgerons des Burushos sont traditionnellement issus de la minorité ethnique appelée Bericho et parlant le Dumaki.

Haut de page Bas de page

La minorité Shina du Pakistan:

Enfants pêchant à la ligne à Gilgit

Les 300 000 Shinas vivent au bas de la vallée de Hunza, dans une zone qui s'étend à peu près de la vallée de Gilgit aux vallées adjacentes. Le peuple Shina est traditionnellement réparti entre 4 communautés : Les Shins, les Yeshkuns, les Kamins et les Doms. Les Shins forme la communauté au statut le plus élevé, les Kamins sont agriculteurs, les Doms sont les forgerons et les musiciens. Ils parlent le Shina, sont de confession musulmane ismaélienne, chiites ou sunnites.

Haut de page Bas de page

 

La minorité Gujar du Pakistan:

Femme Gujar de la Vallée du Batura

Les Gujars proviennent d'Asie du Sud et se sont installés au Nord Cachemire dans la région du Nord Hunza et au Sud de la vallée de Chitral. Leur nom indique l'appartenance au métier de l'élevage ("Gu" signifiant vache). Ils trouvèrent des niches d'herbes fraîches poussant à haute altitude de façon à pouvoir y faire paître leurs vaches et yaks et s'y installèrent.
Les Gujars sont essentiellement musulmans sunnites et se marient entre membres de la communauté. Les Gujars parlent Wakhi au Gojal, Khowar ou Shina dans la vallée de Chitral.

Haut de page Bas de page

La région du Baltistan au Pakistan:

Coucher de soleil sur la vallée de Skardu.

Le Baltistan s'étend tout le long de l'Indus et de la rivière shyok au Pakistan dans l'Azad kashmir, entre le Ladakh en amont et la vallée de Gilgit en aval.

Haut de page Bas de page


Les Baltis du Baltistan :

Vieux balti du village d'Askole

Les Baltis (au nombre d’environ 200 000), habitants du Baltistan, sont issus d'une culture tibétaine, ce qui en fait le peuple tibétain le plus occidental. Ils délaissèrent le Bouddhisme au XVème siècle pour la religion musulmane chiite. Les coutumes du Baltistan sont proches de la culture tibétaine. Leur langue, le Burushaski, tout droit issu du Tibet, leur habillement, leur nourriture, sont très communs à leurs voisins ladakis. Pourtant, leurs traits ne sont pas ceux des Tibétains ; ils ont reçu en héritage la culture tibétaine mais ne ressemblent pas à leur cousins tibétains.
Les villages du baltistan sont densément construits. Les toits plats des maisons servent à sécher les cultures et prendre le soleil. Ces villages sont entourés de champs savamment irrigués. Tout cet univers balti accueillant tranche toujours avec l'hostilité et l'aridité des paysages montagnards alentours.

Haut de page Bas de page

Little Karim :

Abdul Karim dit "Little Karim"

Abdul Karim dit "Little Karim" est l'un des héros anonymes du Baltistan. Il habite Hushe et s'est s'illustré lors des grandes ascensions du Baltoro. Cet homme modeste a accompagné les plus grandes expéditions internationales dans le Karakoram, il est l'homme au monde qui est resté le plus longtemps à 8000 mètre d'altitude, dépassant de loin les records des grimpeurs occidentaux les plus connus. Cet homme a réussi à hisser seul les 20 kilos du parapente de Jean-Marc Boivin au sommet du K2. Sans Little Karim, le petit homme à la force sans pareil, Jean-Marc Boivin n'aurait jamais pu effectuer le premier décollage depuis le sommet du K2, susciter l'admiration et remporter tant de succès.

Haut de page Bas de page

Le village de Hushe :

Hushe, village du Baltistan blotti à l’ombre du Masherbrum, ne reçut qu'une brève visite des époux Bullocks en 1911 ; il resta inconnu des Occidentaux jusqu'aux années 80.
Hushe se trouve dans l'une des vallées les plus fertiles du Karakoram, s'étendant sur 30 km sur la rive nord de la Shyok jusqu'au pied du Masherbrum (7821m). Hushe accueille un nombre croissant de touristes depuis la découverte du col de Gondokoro qui offre la possibilité de joindre Hushe à Concordia. Les habitants de Hushe travaillent aux champs en dehors de la courte période touristique. Ils travaillent volontiers comme porteurs d'altitude pour les expéditions de trekking ou les ascensions d'envergure. Hushe renferme un réservoir d'hommes de grand talent dont la force utilisée depuis 20 ans est étroitement liée aux succès des grandes ascensions du Karakoram des années 80. Mais ne nous y trompons pas, malgré ce cadre idyllique et la joie de ses habitants, Hushe reste pauvre et la vie y est dure, ses habitants cultivent toujours une agriculture de subsistance, le taux de mortalité y est très élevé.

Haut de page Bas de page

La région du Ladakh :

Moissons au Ladack

Habituellement, le Ladakh n'est pas cité dans les régions jouxtant les régions du Cachemire, il est pourtant à ses portes. Le conflit du Cachemire tout proche a fermé la route de Kapalu à Leh et a isolé les Ladakhis de leurs proches cousins du Baltistan.
Ladakh signifie « le pays sous les cols » ou « petit Tibet ». Le Ladakh est peuplé majoritairement de Bouddhistes (80%) et représente le dernier bastion occidental des peuples mongoloïdes de l’Himalaya. Le Ladakh, c’est effectivement le Tibet en plus petit. Ici, les traditions tibétaines se retrouvent dans l'architecture des maisons, des chortens, des murs de manis. On y psalmodie "Om mani padme hum", on y boit du chang (la bière d'orge), du thé vert salé et du beurre rance, on mange de la tsampa (un mélange d'orge et de farine de blé noir), les yaks sont utilisés comme bêtes de somme. L'accueil Ladakhi est chaleureux comme chez leurs cousins tibétains.
La vallée de la Nubra, toute proche au Nord de Leh, c'est déjà la transition vers l’Asie centrale. Des chameaux paissent dans les prairies d'altitude : ces bêtes de somme étaient utilisées naguère pour le portage des marchandises sur la haute route de la soie qui passait plus au Nord par le col de Karakoram.

Haut de page Bas de page

Le Sud du Cachemire :

 

Srinagar :

Srinagar

Comment parler du Cachemire sans évoquer brièvement sa capitale ? Srinagar se trouve au bord du lac Dal, à 1700 mètres d'altitude, et abrite environ 450.000 habitants. Au temps du Raj Britannique, le rajah de cette province semi autonome interdisait aux étrangers de posséder une maison à Srinagar. Pour contourner cette loi, les Anglais ont construit des bateaux sur le lac. Depuis, la tradition de ces "house-boats", les maisons flottantes, perdure.
Le Cachemire est souvent dénommé «la Suisse de l'Asie» et la ville de Srinagar « la Venise du Cachemire » mais le conflit entre l'Inde, le Pakistan et la Chine qui déchire la région, trouble quelque peu cette image idyllique. Srinagar est depuis 10 ans fermé au touristes où des exactions d’une extrême violence surgissent de temps à autre. Srinagar reste cependant le berceau culturel du Cachemire. L’artisanat très raffiné, l’art du tissage de la soie et la culture de safran sont célèbres dans le monde entier.

Haut de page Bas de page

Les autres minorités :

Les Dardes :

C'est un peuple ancien dont les origines sont incertaines. On retrouve des traces d'un roi Darde au IVième ou Vième siècle après JC. Les linguistes parlent de langue Darde pour englober les langues archaïques parlées dans la région de l'Himalaya occidental que l'on nommait jadis Dardistan.

Ils seraient des bergers semi-nomades qui perpétuent les traditions millénaires de la culture tibétaine et notamment la polyandrie, bien que celle-ci soit désormais interdite par les gouvernements "modernes" de l'Inde et de la Chine, les deux pays dans lesquels ils vivent. Ils se déplacent avec leurs troupeaux de yacks et de chèvres pashmina dans la région du Rupshu, dans le Changtang, le sud-ouest du haut plateau tibétain, qui fait partie du Ladakh, lui-même intégré dans l'Etat indien du Jammu-et-Cachemire (hormis le Nord-Est, occupé par la Chine, l'Aksai Chin). Le gouvernement indien vient tout juste d’ouvrir ces régions aux étrangers, avec de nombreuses réserves et un certain nombre de limites, car ce sont des zones stratégiquement sensibles. Les villages Dardes sont situés dans la vallée de l'Indus, à quelques kilomètres seulement de la frontière encore chaude avec le Pakistan et au Changtang, qui borde la frontière avec la Chine. Les Dardes ou Drokpa sont une ethnie aryenne originaire du Baltistan qui se sédentarisa ici avant la conversion de la région au bouddhisme (IXe-Xe siècle). Les jardins sont très bien entretenus, plantés d'oignons, de tomates et de centaines d'abricotiers autour desquels s'entortillent des sarments de vigne. Comme tous les matins, les Dardes sortent cueillir quelques fleurs qu'elle piquera, comme le veut la tradition darde, sur son petit chapeau orné de pièces de monnaie et de miroirs. Ils sont blancs de peau, avec des yeux clairs et un profil "grec". Les Ladakhis, montagnards bourrus et avares de paroles, disent des Dardes qu'ils descendraient des soldats d'Alexandre le Grand. Il s'agit d'une légende, mais elle plaît beaucoup aux Dardes, qui la racontent à qui veut l'entendre. Tout autour paissent les chèvres pashmina : leur précieuse laine, dont on fabrique des châles très recherchés et qui sera vendue aux marchands cachemiris de Leh.



Haut de page Bas de page

 

La minorité Gipsi :

Dans les régions du Nord Cachemire, il n'est pas rare de croiser ça et là des petits groupes de ce peuple voyageur originaire de l'Inde. Ils sont souvent chercheurs d'or et on peut les voir au bord des rivières, tamisant sans relâche les limons des rivières. Mal aimés, ils vivent de petits boulots, en autarcie sous leurs tentes (près de Passu par exemple).

Haut de page Bas de page

Sources :

Cette page a été compilée à l'aide de plusieurs sources d'informations dont :

* Trekking in the Karakoram & Indukush, édition Lonely Planet
* Les religions de l'humanité
de Michel Malherbe
* Peuples d'asie centrale
(éd. Anako)
* Le Grand Guide du Pakistan
, (édition Gallimard)
* Montagne magazine N° 264
* Dans les montagnes d’Asie
, édition Hoëbeke, collection Etonnants voyageurs

... et quelques autres. Il va sans dire que je recommande la lecture explicite de ces merveilleux ouvrages.

Révision B /27/07/04 (http://blankonthemap.free.fr)


A voir aussi sur le même thème :
Galerie d'images

 

 



Accueil - Histoire - Géographie - Vie locale - Voyage - Galerie - Forums - Liens - Index

var pagename='Page_culture2'; Pour tous renseignements, contactez le Webmaster.