LE CONFLIT DU CACHEMIRE
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Petite chronologie commentée du conflit cachemirie
1947, la partition et la première guerre du Cachemire
1949, la ligne de contrôle tracée
1960, la rupture sino-soviétique
1962, l’invasion chinoise en territoire indien
1964, la Chine devient puissance nucléaire
1965, deuxième guerre du Cachemire
1971, troisième guerre du Cachemire
1974, l’année de la bombe nucléaire indienne
1978, l’ouverture de la KKH
1979, l’invasion soviétique en Afghanistan
1984, révolte Sikh au Penjab et attaque indienne au Siachen
1986, l’opération Brasstacks
1990, mort de Rajiv Ghandi
1992, chute du bloc soviétique et renouveau diplomatique indo américain
1996, élections au Cachemire
1998, la prolifération nucléaire en marche
1999, la crise de Kargil et le Putch de Pervès Musharraf
2000, la recrudescence d’actes terroristes empoisonnent le conflit
Le 11 septembre 2001
2002, de nouveau l’escalade
Décembre 2003, attentats contre le président Pervèz Mousharraf
Les derniers évènements politiques, signes d’un dénouement du conflit ?
Mai 2004, défaite du BJP aux élection législatives indiennes
Des erreurs géostratégiques à l’origine du conflit
3 angles de réflexion sur l’avenir du conflit
La nouvelle donne américaine
Les nouveaux enjeux énergétiques et ses conséquences pour le Cachemire
Vers une lutte de civilisation ou une réconciliation sous-continentale ?

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Carte politique du Cachemire
Carte géopolitique
du Cachemire

(65 ko)

Le guerre du Cachemire n’intéresse pas grand monde ici et pourtant ! Le Cachemire est la seule région du monde où 2 états dotés l’un et l’autre de l’arme nucléaire se font face. De l’avis même de la CIA, il s’agit du conflit « le plus dangereux au monde », Colin Powel a qualifié de « question centrale » le problème du Cachemire, à l’égal du conflit israélo palestinien (1). Il oppose les 2 pays les plus peuplés de la planète, mobilise les consciences de plus de 2 milliards d’êtres humains. Le Cachemire est le centre d’un jeu géostratégique saisissant. Il confronte aussi 3 pays nucléarisés dont les alliances guerrières furent, depuis le « Great Game » du 19ième siècle, orientées par les alliances politiques de circonstance et orchestrées par les puissances mondiales. Près de soixante ans après la partition de l’Inde, aucun traité n'a fixé la frontière : celle-ci est toujours le prétexte à un conflit qui a fait selon les estimations 80 000 victimes civiles et militaires. Enfin, ce conflit a des répercussions sur la stabilité de l’Asie centrale et du Moyen Orient dont on connaît actuellement la grande fragilité.

Sans prétendre faire l’analyse complète du conflit (reportez-vous à la fin de cette page pour l’accès à des sites spécifiques), ce site vous propose une rapide chronologie du conflit liée aux rapports de force qui ont joué au sein du conflit, une réflexion sur les écueils géostratégiques majeurs d’une partition à l’origine mal préparée, une réflexion enfin sur la géopolitique mouvante du Moyen Orient et ses possibles implications sur le devenir de la guerre du Cachemire.

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Petite chronologie commentée de la guerre du Cachemire:

Rajahs au XIXième siècle

La région du Cachemire a été disputée depuis longtemps, bien avant la guerre ouverte entre l’Inde et le Pakistan. Terre hindoue et bouddhiste depuis le troisième siècle après JC, le Cachemire passe sous la coupe d’envahisseurs moghols au 16ième, afghans (pachtounes) au 18ième, Sikhs au 19ième . Les Britanniques arrivent au Cachemire sous la dynastie du rajah Gulab Singh en 1849, unifiant des territoires très hétérogènes peuplés d’ethnies disparates, unification qui tiendra un siècle jusqu’en 1947. Le 15 août 1947, l'union indienne hérita alors des frontières du Raj britannique, celles qu'avaient figées « The Great Game » : si les frontières du Cachemire comme celles des territoires de l’Asie centrale répondaient aux besoins de contrôle de la région par la Russie et la Grande Bretagne, elles ne répondaient plus un siècle plus tard à la logique de la partition de l’Inde. Le Cachemire fut un territoire qui rendit la partition de l’Inde problématique dès le début, compte tenu entre autres de la grande richesse de ce territoire appelé la « Suisse indienne » et de l’appétit qu’il provoquait.

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1947, la partition et la première guerre du Cachemire :

Ghandi et son roué, symbole de la resistance indienne
Nehru

En quelques semaines, dès la partition proclamée le 15 août 1947, 14 millions de personnes sont déplacées de l’Inde vers le Pakistan et vice versa ; on estime à 1 million de personnes massacrées pendant les transferts de population, enracinant la haine de part et d’autre de la nouvelle frontière indo-pakistanaise. Le Pakistan était né et le Cachemire en même temps. Le Cachemire de population majoritairement musulmane au moment de la partition était dirigé par le maharadjah de confession hindoue. Celui-ci s'était rallié à Delhi en échange d’une aide militaire qui chasserait les insurgés cachemiris aidés par les pathans Pakistan et les tribus pachtounes et qui menaçaient Srinagar (28 octobre 1947). L’Inde vient envahir le Cachemire ; c’est le premier affrontement indo-pakistanais, qu’une résolution de l’ONU fait cesser le 1er janvier 1949.

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1949, la ligne de contrôle tracée :

Jinnah, le père du Pakistan

Une ligne de cessez-le-feu arbitraire est tracée provisoirement au Cachemire. A cette date, l’ONU propose un referendum sur l’indépendance du Cachemire, referendum que l’Inde, consciente d’un échec certain, s’est toujours évertuée à faire échouer. Les Cachemiris se retrouvèrent séparés par les 2 puissances sous-continentales. Si l’Inde échoue à garder la totalité d’un Cachemire cher à Nehru, les Pakistanais ne peuvent eux non plus s’emparer par la force d’un royaume qui leur tient particulièrement à cœur. De ces frustrations profondes naissent les guerres du Cachemire successives qui jalonnent l’histoire des deux pays jusqu’à ce jour. La ligne de contrôle était donc « provisoire », y compris au Nord à la frontière chinoise, elle est depuis lors restée provisoire.
Cette même année, la Chine devenue République Populaire conteste déjà les frontières du Cachemire, avance qu'elles ont été imposées à la Chine par le traité de Drangtsé en 1842 et n'ont jamais été « bornées ». Cette position conduit à la première guerre entre l’Inde et la Chine en 1962.

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1960, la rupture sino-soviétique :

Mao Zedong

La Chine de Mao voit d’un mauvais œil la pacification des relations entre l’Union soviétique de Khrouchtchev et les Etats-Unis ; la rupture est consommée entre la Chine et l’Union soviétique lorsque Khrouchtchev renonce à fournir un prototype de bombe nucléaire à la Chine. En 1960, les Soviétiques retirent donc leurs 1 390 experts et ingénieurs qui travaillaient en Chine, notamment pour le projet de la bombe atomique chinoise.

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1962, l’invasion chinoise en territoire indien dans l'Aksai Shin:

Image de la révolution maoïste
Allocution populaire de Mao

En 1962, la Chine use de sa stratégie guerrière pour ravir les territoires de l’Aksin Chin et inflige à l’Inde sa plus cuisante défaite. L'Aksai Chin, ou "le désert des pierres blanches", est un vaste plateau désolé, à plus de 5000m d'altitude, à l'est du col de Karakoram. Il n'est qu'une dépendance sans valeur du royaume du Ladakh auquel son sort se trouve lié à l’invasion du Tibet par les Chinois et leur volonté de renforcer leur contrôle sur les provinces instables d’Asie Centrale. Le 20 octobre 1962, les troupes de l’armée populaire de Chine lancent une offensive sur le plateau de l’Aksin Chin et avancent de 18 kilomètres. L’Inde réplique aussitôt, cette guerre fait plusieurs centaines de morts. Le 18 novembre 1962, la Chine se retire mais garde le contrôle de 47 735 km2 du plateau de l’Aksin Chin. Le désaccord avec l'Inde porte en totalité sur près de 120 000 km2 aujourd’hui, pour l'essentiel au Nord-Ouest, sur l'Aksai Chin et au Nord-Est, sur une grande partie de l'Himachal Pradesh.
Les Chinois aujourd'hui opposent que les frontières initialement fixées lors du traité de Drangtsé signé en 1842 ne sont pas légitimes et n'ont été délimitées que par un alignement de bornes tracé au sol. Ils ajoutent qu'ils ne sont pas tenus de respecter le traité vu que le gouvernement de Pékin n’a pas été impliqué dans sa rédaction (pourtant l'un des signataires, tibétain de naissance, avait rang mandarinal mais le Tibet et les tibétains étant rayés de la carte en 1962, le traité fut déclaré caduque). En fait, les Chinois ont construit la route de Lhassa à Kachgar à travers l'Aksai Chin minéral, dans les années 50 après l'invasion du Tibet : celui-ci est maintenant une pièce essentielle de leur dispositif politique et stratégique pour relier et contrôler le Tibet annexé et de la province autonome et musulmane du XianYang.
Cette défaite conduit à l’isolement politique de l’Inde. Nehru songe à s’allier aux Etats-Unis mais finalement s’y refuse, Khrouchtchev est le seul à ne pas adopter le point de vue de la Chine, sauvant ainsi l’honneur de l’Inde ce qui signe définitivement la rupture sino-soviétique. L’Inde tire de sa défaite une leçon : plus que jamais, elle comptera sur ses propres forces dans le domaine de la sécurité. C’est vraisemblablement à cette époque que l’Inde commence à penser secrètement à l’arme nucléaire.
En 1962 toujours, la Chine acquiert en plus un territoire de 5 180 km2 dans le Karakoram, jouxtant les frontières du Pakistan, validé par traité et naturellement contesté par l’Inde. La Chine est depuis restée fermée à toutes négociations de règlement de ses différends frontaliers avec l’Inde. La Chine, en retrait depuis ce conflit, reste l’ennemi numéro un de l’Union indienne, derrière le Pakistan.

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1964, la Chine devient puissance nucléaire :

Image de la révolution chinoise

Quand en 1960, les Soviétiques rappellent leurs experts de Chine, ceux-ci se contentent de déchirer les documents qui ont trait à la bombe. C’était sans compter avec l’ingéniosité des Chinois qui, avec beaucoup d’habilité, rassemblent les morceaux, reconstituent les documents et découvrent des informations essentielles. 4 ans plus tard, ils réussissent seuls à construire et tester leur première bombe, la prolifération nucléaire est en marche entre les 3 belligérants, l'Inde, la Chine et le pakistan.

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1965, deuxième guerre du Cachemire :

Canon lourd Pakistanais

Une nouvelle guerre éclate en août 1965. C’est la région du Rann de Kutch située sur la frontière entre l’Etat indien du Gujarat et la province du Sind qui est visée, mais le conflit s’étend rapidement au Cachemire. Le Pakistan, en déclenchant cette guerre deuxième guerre dans une opération dénomée «Gibraltar », veut vraisemblablement profiter des apparentes faiblesses militaires affichées par l’Inde après sa cuisante défaite face à la Chine et après l’abandon de l’Aksai Chin en 1962. Cette guerre est finalement remportée par l’Inde (signature sous les bons offices de l’Union soviétique au traité de Tachkent en janvier 1966) dont l’armée s’est renforcée après sa défaite de 1962 et grâce à l’aide de l’Union soviétique. Cette guerre fait 5 000 victimes indiennes et 4 000 pakistanaises.
L’Inde commence cette même année à soutenir les revendications afghanes des territoires tribaux jouxtant les frontières pakistanaises de l’Ouest, ceci en vue d’obliger le Pakistan à éparpiller ses forces militaires sur ses 2 fronts.

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1971, troisième guerre du Cachemire :

Ali Bhutto

Cette troisième guerre du Cachemire a pour conséquence la création du Bangladesh, l’ex Pakistan oriental : Les 2 Pakistan séparés de 2 000 kilomètres, est alors peuplé d’une population de confession semblable mais d’origines culturelles si différentes que les relations entre les 2 parties du territoire se durcissent et amène à une répression des mouvements indépendantistes Bengladeshis (mouvement de la ligue Awami) très sévère de la part des forces armées du Pakistan occidentale : on évaluera par la suite la sanglante répression à environ 300 000 victimes. Cette scission annoncée est naturellement encouragée par l’Inde favorable à la division de l’ennemi positionné à ses frontières Ouest et Est. La migration de millions de Bangladis en Inde amène l’Inde à déclarer la guerre au Pakistan le 12 décembre 1971, toujours avec le soutient de son allié, l’union soviétique. En 12 jours, le Pakistan perd la moitié de sa force navale, le quart de son aviation, le tiers de son armée et surtout 13 000 km² de territoire : Cette nouvelle guerre voit la reconnaissance du Bangladesh (la patrie des Bengalis) dans les accords de Simla, accord stipulant que le problème du Cachemire doit être réglé par les 2 belligérants en favorisant la voie diplomatique, sans internationalisation du conflit, cette dernière concession est un véritable camouflet pour le Pakistan dont la stratégie est toujours la recherche d’une internationalisation du conflit.

Colonel Zia


Cette défaite plonge alors le Pakistan dans un profond état de choc, les répercutions politiques en seront profondes, le Pakistan se retire du Commonwealth en signe de protestation. Le Pakistan n’est plus en mesure de s’opposer à l’Inde, tant à cause de la perte du Bangladesh que de l’insurrection du Balouchistan (que l’Inde ne se cache plus d’attiser). Ali Bhutto remporte les élections, élections suivies rapidement du putsch du générale Mohammed Zia ul-Haq, putsch qui fera régner une dictature islamiste intégriste sans merci et fera pendre Bhutto en 1977 pour crime factice.

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1974, l’année de la bombe nucléaire indienne :

Cette année là, l’Inde procède à une série de 6 essais nucléaires souterrains dans le désert de Thar. La bombe nucléaire indienne utilise la technologie et le plutonium achetés aux pays occidentaux (Canada, Etats-Unis, France, Allemagne et d’Angleterre). La course au nucléaire entre l’Inde et le Pakistan en retard technologique a alors débuté. Dès 1980, le Pakistan, aidé par la Chine, est à son tour soupçonné de détenir la bombe. L’Inde et le Pakistan signent alors un traité de non agression de leurs sites nucléaires respectifs. Ces 2 pays qui n’ont pas signé le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) sont rentrés dans le club très fermé des pays nucléarisés par la petite porte. L’Iran (toujours non officiellement nucléarisé mais dont les missiles « Shabah-3 » sont probablement dotées d’ogives nucléaires) et la Corée sont vraisemblablement aidés par le Pakistan. L’arme nucléaire pakistanaise s’oppose au nucléaire Indien qui s’oppose au premier chef à la menace nucléaire Chinoise, laquelle s’est opposée à l’ennemi Russe et la menace américaine de l’époque. Le conflit nucléaire du Cachemire est fortement vecteur de prolifération nucléaire dans le monde, c'est le seul conflit ouvert au monde entre 2 pays nucléarisés.

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1978, l’ouverture de la KKH :

La Karakoram Hignway

L’ouverture de la Karakoram Highway, issue d’un travail au moins égale au percement du tunnel sous la manche, soude géographiquement l’entente cordiale affichée entre la Chine et le Pakistan. Si pour le Pakistan, la KKH représente l’intérêt d’avoir un recours terrestre auprès des forces armées chinoise en cas d’attaque indienne, la KKH est pour la Chine un moyen supplémentaire pour se rapprocher du théâtre des opérations (après l’achèvement de la route Lhassa Kachgar en 1957) et relier les provinces instables du Sing kiang, du Tibet et de l’Aksin Shin. La Chine se sert du Pakistan pour faire contrepoids à l’Inde. Ainsi, la construction de la Karakoram Highway lie définitivement l’Azad Cachemire (« le Cachemire libre ») à la Chine, partie deu Cachemire revendiquée par l’Inde. Depuis 1978, la menace de la présence et de l’influence chinoise au Cachemire semble un fait acquis pour l’Inde, et donne une dimension nouvelle au conflit.

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1979, l’invasion soviétique en Afghanistan :

Dès 1979, aidés par les Etats-Unis, le Pakistan est plus occupé à aider les moujahidins Afghans à se débarrasser de l’ennemi soviétique que de combattre l’Inde au Cachemire. Pendant ce temps, l’Inde accentue sa présence au Cachemire pour faire face à partir de 1989, à des mouvements islamistes indépendantistes et terroristes de plus en plus virulents, soutenus et armés par le gouvernement islamique intégriste Pakistanais du général Zia. Srinagar et sa région devient une zone de non droit où régulièrement des exactions d’une violence extrême sont menées soient par les terroristes contre les intérêts indiens, soit par les militaires indiens sur la population. Les victoires successives de la guérilla menée par les afghans contre les soviétiques amène le Pakistan à penser qu’il était possible de chasser l’Inde du Cachemire par les moyens similaires. C’est à cette époque que le soutient du Pakistan aux groupes terroristes indépendantistes cachemiries prend réellement forme. Depuis les années 80, la violence terroriste au Cachemire n’a pas décru.
L’aide apportée par les Etats-Unis fut le vecteur d’une modernisation considérable de l’appareil militaire pakistanais. Cette entente américano pakistanaise a toujours été vue d’un mauvais œil par l’Inde, alliée historique des russes.

 

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