|
EXPLORATION
DU CACHEMIRE
- page 1/2 -
|
|
|
|
|
|
|
LA
ROUTE DE LA SOIE :
|
La
route de la soie passait par le Karakoram oriental. Du Ladakh au Sin-Kiang,
les caravanes lourdement chargées de marchandises précieuses
avaient à franchir les chaînes du Karakoram puis du Kun Lun.
La traversée par cette portion de la route de la soie prenait un
mois; on se mettait en route avant que les rivières ne soient trop
hautes. Cinq cols éprouvants les attendaient;
|
Le glacier de Thangman (Kichik Kumdan) se déverse
dans la vallée de Shyok brutalement et forme en son creux
un barrage d'eau dangereux.
|
les plus redoutés étaient le Saser La (signifie les "Terres
Jaunes") à 5300m entre les vallées du Nubra et du Shyok
et le col du Karakoram (5575m); Difficile de se perdre: des carcasses
blanchies s'entassaient sur les moraines interminables, indiquant quel
était le bon chemin qui fut appelé « le chemin des
squelettes ». Une légende, parmi celles innombrables et terribles
chuchotées aux étapes de la route de la soie, entre Leh
et Yarkand, raconte : « Des marchands aventureux, à la recherche
d'un raccourci, quittèrent la piste au bivouac de Skyangpoche dit
de "l'Ane Merveilleux", remontèrent vers le nord et passèrent
un col sous le Mamostong; le brouillard les enveloppa et personne ne les
revit jamais." passé le Saser La, au-delà de Saser
Brangsa, le plus simple apparemment pour rejoindre le Karakorum est de
suivre le Shyok et de passer le col de Karakoram (ou « Dawan »
signifie col des "Pierres Noires").
Les trois dangereux glaciers de la vallée de Shyok, quand leur
avance est rapide, bloquent la vallée en amont (le Chong Kumdan
(signifiant "le Grand Barrage") le Kichik Kumdan (signifiant
"le Petit barrage") que l'on rebaptisa ensuite Thangman (signifiant
"Cicatrice") : le passage, d'abord hasardeux, devient impossible;
puis un lac se forme en arrière du barrage qui, dès que
le glacier recule, explose sous l'énorme pression de l'eau accumulée.
La crue, imprévisible, est d'une violence inouïe : en juin
1835, elle détruisit tout sur 250km en aval de la vallée,
jusqu'à Deskit et Tegur, à la confluence du Nubra, les caravanes
n'avaient alors d'autre choix que de passer à gué et de
traverser les hautes plaines désolées du Depsang, une alternative
à la route de la soie qui pasait par le fond de la vallée
de la Shyok. Mais quand cela était possible, les marchands et les
pèlerins, allant au plus court, remontaient la rive droite du Shyok,
puis de Chipchap, retrouvaient l'itinéraire principal à
Daulat Beg Oldi-Où (qui signifie "le Prince du royaume est
mort"), mais ils devaient, sur cette partie de la route de la soie,
d'abord se frayer un chemin à travers les blocs de roche claires
que charrient le premier des trois glaciers (sous le sommet de lAktash
qui signifie aussi « Pierre Blanche »).
|
1821, William Moorcroft :
|
William Moorcroft, vétérinaire de métier et explorateur
à ses heures fut peut-être le premier Européen à
découvrir le massif du Karakorum du cachemire par ses versants
orientaux. Il quitta lInde en ayant l'idée d'acheter des
chevaux à Yarkand ou Kashgar. Il traversa la vallée de la
Nubra en 1821 mais ne put franchir le Saser La, non à cause de
la difficulté du terrain mais à cause des militaires : Il
n'avait pas en poche une permission allouée par les commandeurs
Sikhs qui régissaient la région du Ladakh.
|
1835, GT Vigne :
|
GT Vigne fut le premier Européen à pénétrer
réellement dans le Karakorum. Il réalisa par la suite 4
expéditions et fut le premier à décrire cette vaste
région montagneuse du Cachemire. En 1938, Thomas Vigne, parti dans
ces montagnes pour chercher la source de la rivière Shyok, affluent
important de l'Indus. Empêchés dans sa démarche par
les gouverneurs Sikhs qui contrôlaient la région du Ladakh,
il décida de délaisser le passage de Leh et relia la vallée
de la Nubra et la rivière Shyok directement par Skardu. Cette route
à l'origine rarement utilisée passait par le Saltoro pass,
col qui dissuada Vigne d'aller plus loin tant les conditions météorologiques
furent mauvaises.
|
1847, Vans Agrew et Yong :
|
Les lieutenants Vans Agrew et Yong furent
les premiers occidentaux à parvenir à Gilgit. Ils ouvrèrent
la voies vers une exploration systématique de cette région.
|
1848, Alexander Kunningham, Henry Strachey,
Thomas Thomson :
|
Après que l'influence des Sikhs sur la région du Ladakh
fut dépassée par l'influence britannique, la route vers
l'Asie Centrale fut réouverte. Alexander Kunningham, Henry Strachey
et le docteur Thomas Thomson furent les premiers Européens à
reparcourir la haute route de la soie vers l'Asie centrale passant par
le Saser La et le col de Karakorum et passer ainsi la ligne de partage
des eaux du cachemire entre lInde et lancien Turkestan (XinhYang
chinois).
|
1855, Herman, Adolf et Robert Schlagintweit
:
|
Entre 1855 et 1856, les frères Herman, Adolf et Robert Schlagintweit
furent les seconds Européens à fouler le col de Karakoram
(Karakoram pass). Recommandés par Alexander Von Humboldt, ils rapportèrent
le témoignage sur lanthropologie et la nature de la région.
Ils parcourèrent la haute plaine du Déosaï du Cachemire,
les régions du Nanga Parbat et du Haramosh, des glaciers du Baltoro
et du Biafo et franchirent même le col de Bilafond. Adolf gagna
Concordia et fut le premier à découvrir le col de Muztagh.
|
1856, Thomas Mongomerie :
|
Ce fut Thomas Mongomerie qui, dans le cadre de son étude topographique
de lInde, sera le premier à prendre conscience de la vraie
dimension du massif. Depuis une station géographique au sommet
du pic Haramukh au Cachemire, il positionne par triangulation une série
de 32 sommets auxquels il attribue la lettre "K" (K pour Karakorum)
ajouté d'un numéro. Une fois ses observations recalculées
en 1958, le K2 se révèlera alors la deuxième plus
haute montagne au monde.
|
1861, Henry Haversham Godwin Austen
:
|
Henry Haversham Godwin Austen fut le premier à voir de ses yeux
le K2 au Karakorum en 1861. Au terme d'une expédition épique
au cachemire au cours de laquelle il découvrit le glacier d'Hispar
et franchit le col du même nom, avant de redescendre le glacier
de Biafo jusqu'au village d'Askole, il fit une petite incursion sur le
glacier du Baltoro. Vraiment décidé à voir le K2,
il renonça au Baltoro et escalada un éperon au-dessus du
camp d'Urdokas. Il put dessiner un croquis de l'énorme pyramide
qui surplombe les crêtes.
|
1862, Frederic Drew :
|
Frederic Drew explora la procince dIshkoman, la vallée
de Shimshall et de Barsha entre 1862 et 1871.
|
1868, G. Hayward :
|
En 1968, G ; Hayward fut envoyer pour explorer la région du haut
Karakorum pour reconnaissance militaire au moment des fortes tensions
et du risque de guerre au cachemire avec la Russie des tsars. Sa première
pensée était de suivre le nord de voie de la ville de garnison
de Khyber de Peshawar par les états de Dir et Chitral et le couloir
de Wakhan. Il a correctement cru que c'était l'itinéraire
le plus court et le plus direct d'Inde au Sinkiang. Cependant, quand le
Gouvernor de la province du Pendjab a entendu parler du plan, il interdit
Hayward de se déplacer cette direction. Il partit donc déguisé
en commerçant de Pathan par souci dêtre discret, le
vrai danger résidant dans la rencontre avec des indigènes
réputés déloyales et sanguinaires, tels les chitralis,
les kirghizs et les wakhis de lépoque.
Les informations de toutes sortes rapportées sur le Karakoram,
le Turkestan occidental, Yarkand et à Kashgar rendit Hayward immédiatement
aussi célèbre explorateur que Livingstone ou Burton. Il
a décrit en détail ses récits dexpéditions
avec une foultitude de détails, y compris des informations sur
les tribus dans le secteur, des écrits dune valeur inestimable.
Mais George Hayward paya au prix fort sa curiosité. Il fut assassiné
en 1870 à Darkot, par le mir Walli, le Mir étant soucieux
de voir divulguer la cartographie de sa vallée.
|
1887, F. Younghusband :
|
F. Younghusband fit une incursion dans la région au cours de son
étonnant périple de Pékin à Delhi en passant
par le désert de Gobi et au Cachemire. Il était passé
dans la vallée de Shaksgam et par le glacier de Sarpo Laggo, le
col de Muztagh, le col de Turkestan, col de Shimshal, col de Mintaka et
entra dans la vallée de la Hunza par le nord. Il fut le premier
à pouvoir observer limmense face Nord du K2 et s'exprima
ainsi : "Une montagne aux dimensions impressionnantes. On aurait
dit un cône parfait mais incroyablement haut". A l'issue de
son voyage, il écrira "The Heart of a Continent".
Retrouvez ses commentaires sur les glaciers du Karakoram
ici.
Découvrer les glaciers du Sarpo Laggo ici :
|
1890, George Robertson :
|
George Robertson fut le premier occidental à voir la chaîne
de lHindu Kush de lAfganistan.
|
1892, G. Cockerill :
|
G. Cockerill découvrit la vallée de Shimshal, qu'il remonta
jusqu'au col qui l'ouvrait sur celle de la vallée de Shaksgam et
au-delà du Turkestan chinois (actuel Xinjiang). Il aperçut
alors le premier les deux sommets impressionnants de Pumari Chich et Khunyang
Chich du glacier de Yazghil. Il découvrit aussi le premier dans
toute sa majesté le double sommet du Disteghil Sar depuis le glacier
de Malangutti. Durant 2 ans, il découvrit largement plus que tous
les explorateurs précédents.
|
1895, A.F. Mummery :
|
A.F.Mummery fit une tentative en 1895 (la première aussi sur
d'un 8000) dans la face à l'aplomb du sommet jusqu'à 7000m
environ (en style alpin, remarquable prouesse et très en avance
sur son temps). Il disparut dans la traversée de la brèche
de Diama avec deux Gurkhas alors quils essayaient de contourner
les glaces du Rakhiot: G.Hastings et J.Norman Collie les attendaient sur
le glacier de Rakhiot et ne les ont pas revus. Cette première tentative
sur un sommet himalayen témoigne dune sous-estimation de
léchelle de lHimalaya et des moyens à mettre
en uvre pour réussir une ascension de cette envergure. Cela
dit, Mummery était le « premier de cordée »
dune grande lignée dalpinisme pionniers, il sera toujours
considéré comme lun des plus grand alpinistes de tous
les temps. La montagne sera vaincue 58 ans plus tard par Herman Buhl.
|
1898, Fanny Bullock Workman et William
Hunter Workman :
|
Les téméraires Fanny Bullock Workman et son époux
William Hunter Workman effectuèrent pas moins de 7 grandes expéditions
dans le Karakoram entre les années 1898 et 1908 et publièrent
un grand nombre d'ouvrages richement illustrés en croquis et articles.
Ils ont aussi essayés de gravir un bon nombre de sommets dans la
région comme le Spantik depuis le glacier Chogo Lungma (face Sud).
|
1899, Arthur Neve :
|
1899 est lannée des premières explorations dans
la région du Siachen quand Arthur Neve fit une tentative dascension
au Saser Muztafgh sans succès. Il revint dans la région
en 1907 au Chong Kumdan dans le Karakorum oriental.
|
1902,
expédition internationale au K2 :
|
|
|
L'expédition au complet,
Eckenstein
à droite
|
Le K2 entre dans lhistoire de lalpinisme en 1902. En juin
de cette année la, une petite expédition internationale
composée des Anglais O. Eckenstein, G Knowles et AE. Crowley, des
Autrichiens H. Pfannl et V Wessely et du Suisse Jacot-Guillarmot, remonta
le Baltoro avec plus de 100 porteurs baltis et sattaqua au K2 avec
un bel optimisme. Mais le mauvais temps les bloqua plusieurs jours et
Pfannl ayant contracté une bronchite, il fallut redescendre. Cette
première tentative dascension fut la seule qui eut lieu sur
le versant Est.
|
1908, Fanny Bullock Workman et William
Hunter Workman :
|
Fanny Bullock réalisa l'ascension du pic Woodman et évalua
la surface du Snow Lake à 700 km2 dans le Karakorum central (chiffre
rabaissé à 45 km2 au cours des relevés géographiques
précis réalisés par E. Shipton en 1939.
|
1909, Le duc des Abruzzes :
|
|
|
|
Le duc des abruzzes, Tom Longstaff
|
Louis Amédée, illustre duc des Abruzzes fut le premier
italien à caresser l'idée de conquérir le K2. Epris
de montagne depuis l'adolescence, Louis de Savoie avait déjà
à son actif de nombreuses expéditions, dont l'ascension
du mont Saint-Élie en Alaska (1897), lorsqu'il décida de
s'aventurer dans les glaces des montagnes d'Asie, et en particulier celles
du Karakoram. L'expédition se déroula durant le printemps
et l'été 1909. Elle fut précédée d'intenses
préparatifs qui conduisirent le duc à Londres où,
sous un nom d'emprunt, il put étudier la documentation relative
à ces contrées lointaines conservée à la Royal
Geographical Society. Louis de Savoie se rendit également à
Paris où il se chargea de l'achat du matériel nécessaire.
Pour compagnons de route, il choisit des alpinistes aguerris et qualifiés
qui, lors d'équipées précédentes, avaient
pu lui témoigner leur attachement. Filippo De Filippi, médecin
et physiologiste, membre de l'expédition au Saint-Élie comptait
parmi ceux-ci, à l'instar du lieutenant de vaisseau Federico Negrotto,
officier d'ordonnance du duc et topographe. Ces hommes étaient
accompagnés de guides, tous Valdotains de Courmayeur - notamment
Giuseppe Petigax qui avait lui aussi participé à l'ascension
du Saint-Élie, et Vittorio Sella, alpiniste et photographe, complice
du duc et surtout bon connaisseur des hautes montagnes d'Asie. L'expédition
quitta Srinagar après la mi-avril. À l'issue d'une marche
d'approche à travers le Cachemire et la vallée du Sind,
et après quelques haltes logistiques dans l'oasis de Skardu, capitale
du Baltistan, ainsi qu'à Askole, le groupe, accompagné de
260 porteurs, atteignit le glacier du Baltoro. Pour la première
fois, un photographe, Vittorio Sella, allait fixer le fameux K2 sur ses
plaques. La montagne ne se laissa cependant pas amadouer facilement comme
prévu. Au terme de deux tentatives, qui amenèrent le duc
et quelques-uns de ses compagnons d'aventure à 6 700 mètres,
la petite troupe renonça au K2 et se tourna vers l'ascension du
Bride Peak (Chogolisa), dans le groupe du Golden Throne. 7493 mètres,
cest le nouveau record daltitude qui tint jusqu'en 1922 :
toutes les difficultés franchies à 7400 m., J.Petigax, H.
et A. Brocherel de Courmayeur furent contraint de s'arrêter dans
un épais brouillard à cent cinquante mètres du sommet.
Tous venaient de prouver que, contrairement aux théories répandues
à l'époque, après une période d'adaptation
progressive à l'altitude, l'homme pouvait survivre à plus
de 6 000 mètres. Si l'objectif purement sportif était manqué,
les explorateurs avaient toutefois engrangé quantité de
données, dont des relevés photogrammétriques qui
permirent de réaliser une carte à grande échelle
(1/100 000) du bassin des glaciers du Baltoro et du Godwin Austen. Ils
avaient également recueilli d'innombrables informations relatives
à la morphologie, à la lithologie et au climat de la région.
Les belles images réalisées par Vittorio Sella occupent
incontestablement une place de choix parmi ces résultats. Avec
le concours d'Erminio Botta, un autre photographe, il immortalisa pour
la toute première fois la rudesse et la splendeur de cette région
sauvage, consacrant leur entrée définitive dans l'histoire
de la photographie. Ces clichés, d'une grande qualité portèrent
les alpinistes du monde entier à s'intéresser au massif.
Utilisant un appareil photo capable d'exposer des plaques de verre de
30 X 40 cm, Sella prit plus de 800 clichés exceptionnels pendant
l'expédition. Ces clichés furent achetés par des
institutions aussi respectées telles que la Royal Geographic Society,
l'Alpin Club de Londres ou la Geographic Society de Washington.
Le célèbre Tom Longstaff leva le mystère des sources
du Shyok que les explorations précédentes navaient
pas pu élucider depuis 56 ans (Strachey en 1853, William Johnson
en 1864, Robert Shaw en 1869, Sir Douglas Forsyth en 1893). Il remonta
le Shyok à son ultime source au glacier de Rimo.
|
1912, Fanny Bullock Workman et William
Hunter Workman :
|
Au cours de lune de leurs nombreuses expéditions, les célèbres
époux Bullock baptiserons en 1912 le col à l'extrême
Nord-Ouest du glacier de Siachen le col "Indira pass", sans
rapport avec l'ancien premier ministre indien Indira Gandhi.
Les Workmans firent eux aussi une incursion dans la région de Kaphalu
et ses glaciers la même année.
Découvrez la région du glacier de Siachen
vue du ciel :
|
|
A voir aussi sur le
même thème :
Révision B/08/06/04 (http://blankonthemap.free.fr)
|